La lettre qui change tout

 

 

Trouver des mots qui,  en changeant une lettre, donne un nouveau mot

 Choisir un couple de mots  pour soi,  donner deux couples de mots à sa voisine

 En 25 minutes, écrire un texte sur un thème tiré au sort, en y incluant les six mots retenus

-------------------------------------------------------------------

 

 

INONDATIONS

 

La mer s’était colorée d’ocre apporté par les eaux boueuses des petits fleuves côtiers qui érodaient leurs rives et débordaient sur les terres argileuses ou ferrugineuses. 

 

J’avais dû arrêter ma voiture devant un mur de sacs de sable empilés au travers de la route pour endiguer les flots. Je descendis de ma Deudeuche dont le plancher laissait déjà passer des jets de flotte à l’aspect inquiétant. Sur un tertre voisin, un âne en train de braire me fendit le cœur. Je ne pouvais rien pour lui. Après tout, il pouvait monter le versant situé derrière son are de terrain au lieu de rester planté sous son arbre.

 

Un paysan, juché sur son tracteur, fut le bienvenu. Les roues de son engin ne craignaient pas les cinquante centimètres d’eau recouvrant cette route souvent inondable. Il avait l’habitude. Cela arrivait pratiquement tous les ans depuis quelques décennies. Il eut tôt fait d’arrimer ma voiture à son tracteur bien que ce fut tout un art : ma Deudeuche avait l’esprit d’indépendance et ses pare-chocs n’avaient plus la solidité d’implantation d’une prime jeunesse. Il parvint néanmoins, malgré force soubresauts, à la tirer vingt mètres en arrière, pratiquement au sec.

 

Après les remerciements et civilités d’usage, je remontai dans mon carrosse qui redémarra derechef. Quelle fidèle compagne ! Bonne pour le musée me direz-vous ? Que nenni ! Nous avons encore quelques années devant nous, elle et moi, pour en faire usage et peut-être vivre encore quelques aventures…

 

 Mouty

_____________________________________________

 

                                     

Biens mal acquis...

 

Le train avait du retard en arrivant à Paris, et pourtant j’étais parti au chant du coq pour être sûr de ne pas le rater. Le trajet en bus s’était passé sans problème, arrivée à la gare pile à l’heure, et voilà qu’à cause d’un abruti qui avait décidé de terminer là son passage sur terre, sous les roues de MON train, je me retrouvais avec six heures de retard sur l’horaire prévu. Mon manque de chance me laissait coi et je commençais à rire jaune. Qu’est-ce que j’allais faire ? Il n’était plus question de prendre le RER pour aller à Roissy puisque mon avion était tout juste raté et mon rendez-vous avec sa majesté Bogada III, riche Empereur du petit état bien connu d’Afrique Centrale,  bien compromis. Je n’allais pas pouvoir lui fournir le diadème d’émeraudes et de diamants destiné à son épouse préférée, la plus jolie et la plus jeune de ses 32 femmes.

 

Qu’est-ce que j’allais devenir ? J’aurais beau lui dire, avec une profonde révérence et de la manière la plus obséquieuse qui soit : « Sire, je suis vraiment désolé de ce malheureux contretemps », il ne voudrait rien entendre et me ferait jeter à bas de son Palais, dans ces horribles prisons où l’on meurt de faim et de soif dans le meilleur des cas, ou pire, dans un raffinement de cruauté dont l’idée me faisait déjà dresser les cheveux sur la tête de frayeur.

 

Et bien, m’étais-je dit alors, puisqu’ inexorablement je me dirige vers ce triste destin, je veux profiter de mes derniers jours de liberté et de vie. Aussitôt pensé, aussitôt fait ! J’allai vendre le diadème et avec tout cet argent, je fis une fête énorme, visitant tous les lieux de plaisir de la capitale : Maxim’s, la Tour d’Argent, le casino de Paris, Pigalle et ses petites femmes, jusqu’à avoir tout dépensé dans des achats aussi onéreux qu’inutiles dans mon état : montre en or, Lamborghini, appartement aux Champs Elysées….etc.

 

En fin de compte, ruiné mais environné d’une sereine inconscience,  j’étais prêt à prendre l’avion, le lendemain, pour aller affronter mon destin, quand la radio annonça à mes oreilles stupéfaites : « de notre correspondant en Afrique : il ya une heure, l’empereur Bogada III a été renversé par un coup d’état ; Sa tête est exposé au bout d’une pique devant le Palais. »

 

Alors, avec un ouf de soulagement, je me préparai à jouir béatement et sans états d’âme, de mes biens si malhonnêtement acquis !

 

Gill

_____________________________________________

 

 

 

Petit village de campagne tranquille avec ses quelques cinq cent âmes paisibles où nous voulions passer un week end de découverte , laissant l'autoroute si monotone , nous prenons un petit chemin bordé de chênes centenaires magnifiques , et le voilà au loin qui apparait, le village, niché dans la verdure , montrant ses toits de tuiles rouges et  ses balcons fleuris ;  on commence à entrevoir sa petite place où l'on entend le glouglou rafraîchissant , mais une surprise de taille nous fais ralentir ,  « regarde , la route est carrément barrée » dis-je à mon mari ,on ne peut accéder au centre du village ,zut ; voyant un groupe de riverains sur le côté discutant avec animation , je descend me renseigner ; ils m'apprennent qu'un cirque installé dans un champ face à nous , pour donner une représentation le soir même, a laissé échapper une de ses deux panthères ; le village est bouclé jusqu' à ce que celle ci soit retrouvée .

 

« -Mais c'est une farce,  ce n'est pas possible » réponds-je, tournant la tête vers mon mari arrivant à son tour ,  comment est-ce arrivé ? 

 

- et bien la cage était paraît-il  mal  crocheté ; la panthère était très agitée, elle tournait en rond en grognant, furieuse , ces animaux sont tout en muscles, ils ont une telle force  , la cage s'est retournée et ouverte et la panthère s'est sauvée ; c'est comme ça que c'est arrivé ; elle est surement terrorisée , mais pas autant que nous le sommes .

 

- bon vous allez la retrouver , avec la chaleur de ce mois de Mai  , elle va avoir soif et s'approchera du bord en  bois de la fontaine pour se désaltérer non ?

 

-sûrement répond un homme s'avançant vers nous et se présentant comme étant le Maire du village

-que faisons-nous alors

- mais vous devez malheureusement faire demi tour , hélas , dit-il

-nous ne pouvons même pas visiter alors, dit mon mari dépité , ni boire un coup au petit bistrot

- ma foi c'est à vos risques et périls, répond ,commençant à s'impatienter le Maire

- regarde soiffard, fais comme la dame là, elle boit  à la fontaine ; l'eau est si fraîche ça étanchera ta soif et après demi tour , écoutons Monsieur le Maire , je ne suis pas tranquille moi  »

Je n'avais pas terminé ces mots que je me sentis soudain nerveuse , levant la tête je vis deux grands yeux dorés fixés sur moi , bloquant net mes paroles et comme paralysée par ce regard qui accrochait le mien , je restais statufiée , toutes les têtes se tournèrent vers le point que je fixais , il me sembla entendre des voix qui chuchotaient, mon dieu ; la Panthère !!!!!! puis un silence de mort s'établit , plus rien, seul le glouglou de la fontaine parvenait à mes oreilles tel un  grondement de torrent , je vis le Maire se pencher, saisir un gros morceau de bois , mais avant qu'il ne se relève, la belle avait, d'un bond , disparu derrière un épais taillis ; ce fut comme un signal , toutes les poitrines se soulevèrent dans un grand soupir de soulagement ouf!!!! , puis chacun se dispersa en allant s'abriter chez soi , et nous , sans demander notre reste , nous grimpâmes à toute vitesse dans le véhicule, fîmes demi tour dans un crissement de pneus et , adieu mon beau week-end , ce sera une autre fois , peut-être !!!!!!!!!.

Rina

_________________________________________________________