"Par une soirée d'automne..."

 

Ecrire un texte  commençant par 

« Par une soirée d’automne pluvieuse et fraiche… » 

C’est ainsi que débute le roman de George Sand : Indiana

 

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Image par Pexels de Pixabay

 

 

           Par une soirée d’automne, pluvieuse et fraiche  je regarde, postée derrière ma fenêtre. C’est sûr, si les vitres étaient plus propres, je verrais plus clair.

   Une dame tire son chien par la laisse, elle doit vouloir rentrer plus vite. La malheureuse bête freine des quatre pattes, et crotte difficilement sur le trottoir.

La vieille dame d’en face tire péniblement son chariot. Elle va donner à manger aux chats du Plateau. S’il ne pleuvait pas, j’irai bien l’aider mais charité bien ordonnée commence par soi-même, comme disait ma mamé. C’est vrai qu’elle était intelligente, Mamé. Elle est morte à cent ans, elle a eu une belle fête et des cadeaux. Pourvu que j’y arrive moi aussi !

Un gamin saute dans les flaques. Sa maman sera contente quand elle verra les chaussures abimées. Ce n’est pas mon problème, je ne vais rien lui dire à ce gosse stupide. 

La rue est vide. Allumons la télé. Peut –être qu’il y a des rivières en crue et alors quels spectacles ! Des gens sur les toits, des voitures à la dérive, des magasins envahis, des pompiers courageux qui manquent d’être engloutis dans les torrents de boue qui envahissent les rues…

       Comme la pluie est distrayante quand on reste sagement à l’abri !

   Line

 

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Image par David Mark de Pixabay

 

 

Par une soirée d’automne pluvieuse et fraîche, Diane sortit de chez elle et se dirigea vers le lac de la Raviège. Elle adorait cet endroit, si calme, si reposant, où la nature était reine. Les arbres majestueux s’étaient parés des couleurs de l’automne et elle pouvait encore distinguer leurs formes à la lueur du crépuscule. Ce paysage, idyllique en journée, s’avérait presque lugubre en ce début de soirée : hormis les arbres, pas une âme qui vive. Une pluie fine battait son visage et les ombres des arbres, avec leurs branches dont certaines avaient perdu toutes leurs feuilles, semblaient des silhouettes maléfiques, aux doigts crochus prêts à vous agripper. Diane frissonna, mais rien ne pouvait la détourner de son objectif.

Autrefois, cet endroit était synonyme de joie, de moments partagés en famille, de vacances peuplées de cueillettes de champignons ou de baignades dans le lac. Mais désormais, ce temps-là était révolu et elle se sentait terriblement seule. Son mari l’avait quittée quelques années plus tôt et sa fille vivait en Californie : elle la voyait peu, les billets d’avion étaient trop chers et Clara était très prise par son travail. Ses amies avaient déserté, elles aussi, les unes après les autres. À son âge, il n’était pas rare de se retrouver seule, mais en ces moments de nostalgie, elle se disait qu’elle aurait préféré partir la première.

Après une marche de quelques minutes dans les prairies bordant le lac, elle arriva enfin sur la petite plage où Clara venait faire des ricochets. Tout était très sombre, mais elle pouvait distinguer les eaux du lac : leur noirceur contrastait avec les scintillements de la journée, quand les rayons du soleil venaient les caresser. Elle se sentait prête, les flots opaques allaient l’engloutir et la délivrer de cette morosité qui l’oppressait. Soudain, un craquement derrière elle la fit sursauter. Elle se retourna et perçut un mouvement, un déplacement d’air.

- Il y a quelqu’un ? demanda-t-elle d’une voix mal assurée.

- Oui, bonsoir. Veuillez m’excuser si je vous ai fait peur, ce n’était pas mon intention. Je voulais profiter du lac, je ne voulais pas vous importuner.

- Profiter du lac à cette heure-ci ? Quelle idée ? Il fait presque nuit, il pleut et la température est bien fraîche !

- Je pourrais vous rétorquer la même chose, ajouta la voix avec malice.

Diane ne pouvait distinguer le visage de la personne qui venait de faire irruption, elle n’en percevait que la stature. Elle devait bien admettre qu’il avait vu juste avec sa réplique, mais n’en montra rien.

- Moi aussi, je voulais profiter du lac…

Il la coupa sur-le-champ.

- Inutile de me mentir. Je m’appelle Clarence et je suis un ange.

- Mais bien sûr, et moi, je suis la Reine d’Angleterre ! J’ai dû voir « La vie est belle » de Capra des dizaines de fois. Avec ma fille et mon mari, nous le regardions à chaque Noël. Alors, franchement, c’est un peu grotesque, vous ne trouvez pas ?

- Pas plus que votre envie de vous laisser engloutir par les eaux du lac. Vraiment, soyez sérieuse !

Il lui tendit une pochette : elle la saisit et l’ouvrit en écarquillant les yeux. Un billet d’avion pour San Francisco. Départ après-demain.

- Cela vous laisse le temps de rentrer chez vous et de faire votre valise.

Avant qu’elle ne puisse ajouter quelque chose, il avait disparu. Elle regarda le billet d’avion entre ses mains : une chose était sûre, son heure n’était pas venue et elle allait profiter des semaines à venir auprès de sa fille.

Fabienne

 

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HALLOWEEN ?

Par une soirée d’automne pluvieuse et fraiche,  clôturant un mois d’Octobre particulièrement humide, nous nous étions réunis chez Jérôme, le seul de la bande à posséder une cheminée, le veinard. Nous avions mis quelques pommes de terre à cuire sous la cendre et pendant cette délicate opération, nous nous évertuions consciencieusement  à vider la bouteille de Jack Daniels de notre hôte, tout en contemplant les flammes folâtrant dans  l’âtre. Au bout d’un moment, l’un de nous (impossible de me souvenir lequel)  suggéra qu’il serait judicieux de passer le temps en racontant des histoires, à tour de rôle. Bien sûr, tout le monde fut d’accord, comme c’est toujours le cas en ce genre de circonstances.

       Les histoires défilaient : une, deux, trois quatre, et la nuit était tombée depuis longtemps lorsque mon tour arriva. Qu’est-ce qui m’a pris alors ? Je n’en sais rien. Peut-être un désir un peu farceur de rompre avec une atmosphère trop douillette, trop tranquille, toujours est-il que je me suis trouvée à raconter  « Un Monstre sur le Seuil », à mon avis la plus terrifiante des nouvelles de ce cher Lovecraft. Mon auditoire était à l’évidence captivé, mais, voyant que les pommes de terre semblaient à point, je décidai d’arriver plus tôt au dénouement en faisant du cadavre sur le seuil un monstre sanguinaire et cannibale et c’est au moment précis où « l’ami » se précipitait sur le héros que l’on frappa à la porte.

      Nous restâmes tous saisis de surprise…et sans doute d’un peu de crainte aussi.  « Et bien, Jérôme, qu’est-ce que tu attends ? » s’exclama dans un éclat de rire Marie-No, la rigolote de la bande. Un peu à contre cœur, Jérôme alla ouvrir et…

    Et je me demande aujourd’hui encore pourquoi je suis la seule que l’horrible monstre tapi sur le seuil épargna, ce soir là.

 

   El Pé

 

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