La mémoire

 

En 20 minutes, écrire un poème ou un texte en prose poétique ayant pour thème la mémoire.

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            La mer-mémoire glisse sur le sable

            Elle y laisse les signes du temps

            Epaves, fossiles ou fables

            De marins, de sirènes, de Léviathan.

 

            La mer-mémoire te chante

            Ton histoire. C’est celle de tes aïeux

            Avec ses mots qui jamais ne mentent

            Elle emplit un coquillage très vieux.

 

            La mer-mémoire n’oublie rien

            De la préhistoire au monde d’aujourd’hui

            Elle sait tout. Du passé, de demain

            Elle sait tout, et même pourquoi tu vis.

 

            La mer c’est ta mère

            Et ton sang, c’est le sien.*

 

                  El Pé

 

*Teneur en sel identique : neuf pour mille.

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Volutes en circonvolution

 

Cases en ébullition formant la révolution

 

Soulevant le clapet en corolle

 

D’où sortent les fumerolles.

 

Des mots reviennent, s’envolent

 

Se dispersent puis s’étiolent

 

D’autres plus hardis, encore endormis

 

Bondissent, titubants, pantelants, engourdis

 

Reprenant des pans de notre  passé

 

Les  regroupant pour en ressortir tout neufs, revivant

 

Tout joyeux d’être à nouveau  dans le présent

 

Puis disparaissent pour longtemps.  

 

Mémoire d’avant mémoire tu fous le camp

 

Tu m’entraines dans ton néant

 

 

Tu te meurs en m’attirant

 

Inexorablement dans tes pas de perdant

 

C’est la fin, le bout du chemin

 

Le terminus d’où jamais on ne revient.

 

Rina

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LE TILLEUL

 

Je me souviens du gros tilleul

Trônant au Jardin des Poètes.

Il flamboyait les jours de fête

Sous le soleil, sur les glaïeuls.

 

Il m’attirait sous son ombrage

Me protégeant des rayons d’or

Du Dieu d’Egypte un peu retors,

Remettant mon cœur à l’ouvrage

 

Pour dénicher rimes à foison,

Trouver des mots en ribambelle,

Me brancher sur des hirondelles,

Des pivoines ou des hannetons.

 

Je ressens encore les caresses

Des rayons de la fin du jour

Qui m’effleuraient avec amour

Les soirs où j’étais en détresse.

 

Le temps qui passe n’arrange rien

Car on a brisé l’existence

De ce tilleul, de son ambiance,

En l’abattant comme un vaurien.

 

Mouty

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Dans les tiroirs de ma mémoire

 

J’ai rangé tous mes souvenirs.

 

Il me suffit, pour les ouvrir,

 

D’un mot, d’un son, d’une odeur,

 

Alors s’en échappe un rire ou un pleur

 

Une gaie partie de campagne

 

Ou un jour de mélancolie

 

Passé derrière un carreau

 

A regarder tomber la pluie.

 

Il en est cependant

 

Que je voudrais tenir scellés

 

Mais je ne puis

 

Ils s’ouvrent sans arrêt.

 

Ils contiennent tous un souvenir

 

De ceux qui sont partis

 

Là d’où l’on ne revient pas.

 

Ma mémoire me tient tête

 

Elle conserve la clé

 

Qui permettrait de les fermer.

 

Par moment cependant,

 

Baissant les bras,

 

Elle me laisse savourer

 

L’instant présent.

 

Alors, j’en profite

 

Car ce n’est peut-être pas

 

Pour longtemps.

 

Gill

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