Éphémère

 

Ephemeroptera 2

 

 

Pour nous associer au Printemps des Poètes 2022, interrogeons-nous

sur le thème proposé

« Éphémère »

À quoi vous fait penser ce mot

 

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Éphémère

 

De l’éphéméride j’ai arraché les pages

Les ai envoyées vers le ciel

Sont devenues des nuages

Vite avalés par le soleil.

De l’étang alors s’éleva une bulle

Sorte de nuée bien étrange

Pas même papillons, tout juste libellules

Ces petites bêtes à têtes d’anges.

Ephémères est leur nom

Ils naissent avec le jour, meurent avec la nuit

Nos heures sont leurs saisons…

Puis la nuée s’évanouit

Mais moi j’ai eu le temps

D’une vision de l’infini.

 

El Pé

 

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Éphémère

 

            Le poète écrivait : « Comme le temps s’en va  d’un pas précipité ! »

Et Ronsard s’écriait devant la rose à peine éclose qui déjà s’étiolait.

Les papillons flottaient dans les rayons solaires, près des ruisseaux chantants,   comme les pages arrachées du cahier des pensées.

Notre vie c’est pareil, elle ne fait que passer…

Mais même éphémère, prenons-la à pleins bras, avec tous nos amis et tous nos êtres chers

Profitons du bonheur de ce printemps nouveau… marchons, courrons, dansons, nageons, jardinons.

Comme c’est bon la vie !

Gisèle

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ÉPHÉMÈRE

 

Toute petite, j’ai trouvé ce mot dans un de mes livres : Éphémère, É - PHÉ - MÈ - RE, quel joli mot ! je le répétais inlassablement. Je n’en avais pas compris le sens, mais peu importait.

Éphémère, les syllabes roulaient sous ma langue, un peu comme un bonbon aux milles saveurs délicates, un peu comme le sable de la mer sous les rouleaux des vagues.

Je jouais avec ce mot pendant des jours. Tantôt j’imaginais que c’était un lutin facétieux gambadant dans une clairière, tantôt une fée délicate et légère, vêtue d’or et de lumière.

Éphémère, le soir avant de m’endormir mon éphémère se transformait marchand de sable. Le matin au réveil, l’éphémère m’apportait la délicieuse odeur des tartines grillées et du café.

Éphémère m’accompagna pendant plusieurs semaines. C’était un mot magique, digne d’une incantation.

Et puis, un jour, à l’école, la maitresse  nous expliqua pendant le cours de sciences naturelles, que certains petits insectes ne vivaient qu’une seule journée et qu’ils s’appelaient des éphémères.

Ce jour-là le mot perdit tout son mystère et sa magie et je décidais d’en trouver un autre !

Chris

 

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          L’éphémère, c’est la vie, la mienne, celle des autres. Je nais, je meurs, je laisse un souvenir dans quelques mémoires, des moments où j’ai ri, pleuré.

  Mais les enfants des enfants diront  en regardant une photo : « Qui c’est, cette personne âgée vêtue bizarrement ? »

  Mon corps livré au feu du crematorium disparaitra discrètement, abandonnant une vie terrestre si brève au regard de l’éternité. Mes cendres s’envoleront légères, vite évanouies avant d’atteindre le ciel.

      « Ephémère, vous avez dit éphémère ? »

Line

 

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Il y a le passé, il y a le futur, il y a le présent... Il y a le temps long, il y a le temps bref... Et puis il y a le jour nouveau dans notre " éphéméride ". Celui que l'on vit dans l'instant avec son " espace temps " qui peut paraître parfois interminable ou au contraire tellement fugitif ! Il y a les actes, les pensées, les sentiments, les souvenirs qui toujours restent comme imprimés dans notre chair, dans notre âme ou dans notre cœur. Ceux-là même qui forgent notre être intérieur, notre personnalité intime avec ce qu'ils peuvent offrir d'unique et de fondamental. Et puis il y a tout ce qui peut être ou se laisser oublier, effacer, comme disparu au plus profond de nous, soit consciemment soit inconsciemment. Ce qui éventuellement ne grave pas de ses lettres à l'encre noir de jais le déroulement de notre existence.

        Mais est-ce vraiment cela, l’Éphémère ? Non ... certainement pas ! L’Éphémère, c'est fuyant certes. Ce n'est pas le domaine du définitif ni du perpétuel ni de l'éternel. C'est à l'image de la Vie, passage rapide et fragile de l'être humain sur terre. Néanmoins, tout événement éphémère nous lègue une empreinte faite de perceptions diverses tels parfums, images, souvenirs, rêves... Il disparaît, il s'échappe mais il peut rester ancré en nous et réapparaître à l'appel de notre mémoire.

        " Éphémère " ! Un mot si doux, aux teintes légères et pastel des petits insectes qui en portent le nom. Un mot aux sonorités feutrées dont la musique décroît et s'estompe en un rapide instant. En cela, l' Éphémère devient à la fois éternelle absence et extraordinaire présence de ce qui est sans être, de ce que l'on perçoit sans voir, de ce que l'on entend sans écouter. L’Éphémère, c'est l'étoile filante qui nous éblouit mais qui aussitôt s'éteint prestement en laissant souvent son souvenir, bon ou amer, figé dans notre mémoire.

       Et qu’existe-t-il donc de mieux que l’Art pour prouver que l’Éphémère n'est pas seulement le temporaire, le passager, le superficiel, le fragile que l'on imagine souvent mais que, bien au contraire, il peut contribuer profondément à la genèse de l’Avenir ? Ne faut- il pas en effet être ou avoir été pour devenir ? Et, en cela, l’Éphémère n’engendrerait-il pas comme un éclat d’Éternité ?

Syrinx

 

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Ode à mon fils ou l’effet mère

 

Quand ton rire enfantin résonne et enchante mes tympans,

Quand tes petites mains effeuillent une marguerite au vent,

Quand ta jolie voix cristalline réchauffe mon cœur,

Quand de mes doigts magiques de mère, je sèche tes pleurs,

Quand tu prends ma main pour te sentir rassuré,

Quand je te serre contre moi et hume ton odeur sucrée,

Quand tu plonges dans les vagues en m’éclaboussant,

Quand tes pieds laissent une trace dans le sable mouvant,

Quand ton petit corps revêt une parure de sel,

Quand tu poses sur moi tes yeux couleur de miel,

Quand tes cheveux ondoient tel un champ de coquelicots,

Alors je ne rêve que d’une chose : retenir ces instants éphémères grâce à mes mots.

Fabienne

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ÉPHÉMÈRE

 

Les jours coulent, parfois rapides, parfois lents, ils m’entraînent dans leur ronde folle.

Certains matins,

Quand l’aube révèle sa beauté et

Dévoile lentement ses secrets,

Je respire à plein poumons et je me sens vivante.

L’instant est fugitif car vite les pensées reviennent et se mettent à danser.

Quelle heure est-il ?

Avec qui ou quoi ai-je rendez-vous ?

Qu’ai-je prévu de faire aujourd’hui ? Quel temps fait-il ?

Mon corps alors se remet à fonctionner,

Merveilleuse machine quand tout va bien mais

Quand les maux sont là,

J’ai l’impression que tout se grippe et va se casser.

Je voudrais rester couchée

Dormir encore un peu dans les douceurs de la nuit,

Prolonger les rêves déjà enfuis …

Ne pourrait-on pas faire durer le bonheur ?

Oui, mais à quoi cela ressemblerait-il ?

Une espèce de joie béate à perpétuité ?

Non

Franchement, il vaut mieux garder

La surprise du lendemain.

L’émerveillement n’en est que plus grand

Après une traversée du désert ou

Un tremblement de terre.

Oui

Je me sens vivante

Et j’aime que mon monde soit éphémère

Comme la libellule aux mille couleurs.

 

Évelyne

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Éphémère,  Manne, nom magique, lumière diffuse, secret d'une nuit, pluie d'étoiles blanches et jaunes..... Sur les bords de la Dordogne, il y a une période de l'année extraordinaire où la nature explose, dévoile ses rites et ne rate jamais son rendez-vous.

Aux veillées, c'était un thème prisé,  mais je n'en avais jamais été témoins. Mais ce soir du 6 août, j'étais au rendez-vous. C'était le crépuscule, où les éphémères venaient s'accoupler au dessus de la rivière.

Après une courte danse, dans un froissement d'ailes et un silence absolu, elles tourbillonnaient, en parfaite symbiose, y mettaient la frénésie du désespoir, car elles ne vivaient que l'espace de ce court moment. Puis elles mouraient par milliers, leur corps mou sans vie,  après de brefs spasmes, s'échouaient sur le sable humide, dégageant une odeur de poisson, mais curieusement aussi de jasmin.  Les villageois l'appelaient  la " Manne", à l'image de cette " Manne dans le désert" au temps biblique. Juste un soir d'été, ces milliers de petits insectes volants, magnifiques, nourrissaient les oiseaux, et aussi les poissons, qui les attendaient déjà à la surface de l'eau.

Christine

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Éphémère…Infini

 

Éphémère, le premier sourire d’un enfant

En est-ce un ? réellement ?

Je l’ai tellement désiré, peut-être l’ai-je imaginé.

Il a duré si peu de temps.

 

Ephémère, sous ce soleil de plomb, la brise tant attendue.

Rien qu’un petit souffle effleurant ma peau nue

À peine une fraiche caresse, et de nouveau la canicule réapparue

 

Éphémère, l’attirance pour cet inconnu

Par un soir d’automne croisé dans la rue.

Un regard, un battement de cil, un battement de cœur

Aux joues une bouffée de chaleur

Puis tout, en un éclair, disparu !

 

Moments éphémères, oui,

Mais qui ont imprégné ma mémoire, mon corps,

Pour que je puisse encore

les ressentir à l’infini.

 

Gill

 

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A l'aube du printemps, au bord d'une rivière,

Je regarde, naissant, le vol d'une éphémère.

Éphémère bonheur. Mais d'où vient cette peine ?

Je pense tout à coup aux malheurs de l'Ukraine

A tous ces gens qui meurent, enfants qu'on assassine,

Sous les bottes sanglantes d'un Vladimir Poutine.

II entre dans l'histoire par la petite porte,

Celle qui, lorsqu'on l’ouvre, libère des cloportes

Ephémère, dis-tu ? En tout cas, pas la peine,

Qui engendre courroux et attise la haine.

Liberté éphémère d'un peuple pacifique,

Condamné à l'exil et de façon inique

Éphémère sera ce triste et épais brouillard

Reviendra le soleil, espérons, sans retard.

Je suis toujours debout devant cette rivière.

Les insectes sont morts. Adieu les éphémères

 

Jean-Pierre

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