Histoires de mots qui chantent

 

Choisissez un mot en rapport avec le chant et  révélez-le à l’assemblée

De même, choisissez un autre mot, et écrivez-le sur un papier, pour faire une pioche

 

Commencez votre texte sur le thème du chant par une ou deux phrases contenant le premier mot choisi

Toutes les cinq minutes, un participant tire un papier, livre le mot inscrit afin que chacun l’insère dans son récit dans les cinq minutes qui suivent. Le quatrième mot se trouvera dans le paragraphe de conclusion

 

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Image par Gordon Johnson de Pixabay

 

 

Musique

 

   La  Musique, c'est la Vie, c'est la phrase musicale comme la phrase littéraire. Elle naît puis elle tend vers l'âge adulte puis... ARSIS, je m'élève vers la NOTE attendue, la note rêvée, celle qui nous permet de nous épanouir et de révéler toute la profondeur de notre être en mettant sa force et sa vivacité en pleine lumière. Telle une ARIA qui nous mène depuis le pied jusqu'au sommet de la montagne en nous aidant ainsi à dérouler notre existence sinusoïdale. Et qui peut mieux qu'un chanteur ou qu'une CANTATRICE exprimer les élans, les espérances ou les désarrois d'un cœur en pleine envolée créatrice et en recherche des sentiments les plus enfouis dans les méandres de notre intime ? C'est ainsi qu' opèrent tous nos espoirs. Et Glück, Verdi, Wagner, Massenet, Bizet ... tous, à travers leurs inoubliables OPÉRAS, savent nous élever vers nos aspirations les plus intenses, parfois en nous ouvrant les portes du Bonheur mais parfois aussi, par une lente et inexorable THESIS,

en nous laissant redescendre vers les abîmes de notre passage sur terre.

 

                        Syrinx

 

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Maria Callas 1958

 

 

Cantatrice

Elle rêvait depuis toujours de devenir une grande chanteuse lyrique, grâce à sa voix de soprano. Lorsqu’elle était enfant, elle ne se lassait pas d’admirer les cantatrices : ses parents l’avaient accompagnée à l’Opéra Garnier pour son anniversaire, celui de ses huit ans, même s’ils avaient été surpris par sa demande. Elle avait été impressionnée par cette facilité de l’interprète à tenir les notes, un peu comme si elles continuaient à flotter dans les airs longtemps après avoir été chantées. Assise au premier rang de cette salle majestueuse, elle avait su qu’elle voulait devenir chanteuse lyrique, de celles qui peuvent interpréter une aria : elle se voyait déjà au centre de la scène, seule, transmettre toutes ses émotions grâce à sa voix. Elle avait travaillé dur, toute son enfance, puis pendant son adolescence, fréquentant les cours de chant avec assiduité, alors que ses amis ne pensaient qu’aux sorties au cinéma ou en discothèque. Elle n’avait jamais regretté son choix, qui parfois l’avait éloignée de certains amusements. Bien sûr, elle avait souffert quand des petits plaisantins au lycée l’avaient surnommée la Cantatrice chauve. Elle avait eu beau leur expliquer qu’il s’agissait d’une pièce de théâtre qui n’avait donc aucun rapport avec l’opéra, ces incultes avaient continué à se moquer d’elle. Certes, rêver d’embrasser une carrière de chanteuse lyrique était peu commun, pour une jeune fille de son âge, mais elle était déterminée. Ce soir, à l’aube de sa première représentation d’un des plus célèbres opéras – la Traviata – dans une des plus prestigieuses salles – l’Opéra Garnier, qui n’avait pas changé depuis ses huit ans – elle ne doutait plus de sa destinée. Elle savait qu’elle était à sa juste place, vivante, vibrante. Le rideau se leva et elle se sentit prête à faire résonner sa voix au cœur de cette salle et dans le cœur des spectateurs. Ses parents étaient assis au premier rang, à la même place que trente ans auparavant. Mais ce soir, c’était leur fille qu’ils venaient écouter.

Fabienne

 

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Image par Maraniass de Pixabay

 

 

Couac !

 

Il lui fallait à tout prix saisir d'emblée l'assemblée : elle entama la partition a capella. Quelques applaudissements saluèrent son audace. Mais à la fin du morceau, elle le savait, allait survenir une note qui risquait bien de la faire chuter. Alors, elle se mit à improviser pour essayer de retarder ce moment le plus possible. Malgré sa virtuosité dans les vocalises, des regards se cherchaient parmi l'auditoire.  Pour ces mélomanes, cet aria,  "L'altrea notte in fondo al mare", était fort connu.  Ils attendaient le tour de force final, le bouquet en somme après les envolées interrompues et les retombées prometteusese et ne comprenaient pas ces longs détours dans les montagnes russes des variations.

Des gouttes de transpiration perlaient à son front. Elle priait pour qu'une catastrophe quelconque s'abatte sur la salle : un début d'incendie, une irruption armée... n'importe quoi qui lui donne le moyen de s'en tirer sans risquer cette humiliation suprême de la cantatrice : le couac.

La note approchait, menaçante et sournoise. Mortelle...

On parla longtemps de cette représentation privée dans le château des Demaison et de Maria Popescu qui  s'était écroulée sur scène dans un aria du Barbier de Séville. Quand elle s'était réveillée à l'hôpital, il paraît qu'elle murmurait "La note, la note"... On eut beau essayer de la rassurer sur le coût de son hospitalisation, rien n'y faisait.  Elle continuait à murmurer "la note" et elle pleurait.

Suzana

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Image par Dikky Oesin de Pixabay

 

 

 Quand elle était dans les bois, on entendait toujours ce chant mélodieux

Les oiseaux dans les branches s’arrêtaient de chanter, les notes s’égrenaient et flottaient dans l’air pur du matin.

La  Diva Assoluta, cantatrice adulée n’aurait pas dédaigné cet aria parfait.

Sa voix nous envoûtait.

L’opéra dans les champs

Quoi de plus merveilleux ?

    Gisèle

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Image par protestantsbarr de Pixabay

 

 

Crime à la chorale

La chorale est au complet. Tout le monde est prêt pour l’ultime répétition avant le petit récital de ce soir dans la salle des fêtes du village.

Un seul spectateur, Henri Aduflair, inspecteur à la retraite et choriste lui-même, malheureusement affligé d’une extinction de voix qui le contraint à écouter ses camarades de chant, qui échauffent leurs voix en vocalisant  les notes de la gamme. C’est alors que la cheffe de chœur s’avance, demandant le silence.

Aujourd’hui, il n’est pas prévu de musique classique, ni d’aria, mais une musique plus populaire, qui plaira à tous. Ténors, barytons, basses, soprano, alto sont attentifs aux gestes de la cheffe. Celle-ci lève les bras, les bouches s’ouvrent, quand soudain elle s’écroule face contre terre, tandis qu’un large tache rouge s’élargit sur son dos. Stupeur, sidération, puis frayeur et interrogation se lisent sur tous les visages qui se tendent dans la même direction. Mais que s’est-il passé ? personne n’a rien vu, rien entendu ! le tireur a forcément utilisé un silencieux.

Obéissant à de vieux réflexes acquis pendant sa vie professionnelle parisienne, Henri Aduflair se précipite sur la victime, empêchant quiconque de piétiner la scène de crime. Il l’avait applaudie, dans le temps, cette cantatrice reconnue, jusqu’à ce qu’elle quitte la scène brusquement. L’inspecteur, en fin mélomane, appréciait énormément cette voix merveilleuse et il s’était toujours demandé où elle avait disparue, jusqu’au jour, où, prenant sa retraite, il l’avait retrouvée dans ce village, reconvertie en cheffe de chœur. Curieux de ce qui s’était passé dans la vie de cette femme qu’il avait pu entendre plusieurs fois à l’opéra, il avait intégré la chorale pour essayer d’en savoir plus. Il pensait qu’elle s’était fait beaucoup d’ennemies, n’hésitant pas à recourir à la calomnie pour évincer toutes celles susceptibles de prendre sa place. Maintenant, c’était terminé, elle ne révélerait jamais son secret et lui resterait avec ses interrogations.

Mais en attendant, la question que se pose l’inspecteur, accueillant les gendarmes qui vont se charger de l’enquête, est :

« Mais qui a tué la cheffe de chœur ? »

Gill

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