Le symbole de révolte prend la parole

 

Quel est l’objet qui symbolise, pour vous, la contestation ou la révolte ?

Chacun nomme le sien que tout le monde note.

En vingt minutes, faites un texte à la première personne

qui donne la parole à l’objet que vous avez choisi

 y utiliser tous les autres objets

 

épée / micro / barricade / pavé / gilet jaune / bombe

 

 

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Gilets jaunes sur le pare-brise d'une voiture

wikimédia

 

 

Je ne comprends pas, je devais servir à signaler la présence de personnes sur le bord de la route en cas de panne ! Je me retrouve sur des barricades, dans tous les sens on a inscrit des slogans à la bombe  indélébile ! Je dois même être porté sur le dos des chiens ! Y a un type hystérique qui crache dans un micro des trucs que j’entendais déjà pendant la révolution de 1789 ! J’étais déjà gilet jaune, mais tricoté par une  délicieuse main féminine ! Avec amour, patiemment, religieusement !

 J’essaie de comprendre ce qui se passe ! Ils ont envahi le palais de l’Élysée et le président, d’après les bruits qui courent aurait sauté dans une diligence en direction de Varennes ! Sur les pavés ! Y a des gilets jaunes qui ont sauté dans leurs voitures à toute allure pour aller l’intercepter! Ils sont armés, ils ont des épées  et des fourches. On dit même que la présidente aurait été elle aussi arrêtée ! Mais que vont-ils faire ? Pas la guillotine quand même !

 Aie aie ! Au secours qui veut acheter un beau gilet jaune ? A moitié prix! Rendez vous sur le bon coin! Vite !

Louis

 

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Centurio legXXX

wikimédia

 

 

Complainte du PAVÉ

Je me présente : Monsieur Pavé. Je suis gris, je suis lourd, j’ai été taillé par un centurion romain armé d’une épée. J’ai parcouru beaucoup de chemin, de la voie Domitienne je me suis un beau jour retrouvé à Paris, Place de l’Étoile, comment ? Ma foi je n’en sais trop rien …

Puis ce dimanche un centurion, bizarrement habillé avec une espèce de gilet jaune,  m’a brutalement délogé de mon petit nid douillet et m’a lancé sur une barricade de boucliers transparents. En les éclatant tous j’avais l’impression d’être une bombe superpuissante !!!

J ‘ai atterri sur les pieds d’un autre centurion qui avait un micro dans la main, son hurlement de douleur s’est répercuté sous la voute de l’Arc de Triomphe avec une telle puissance que le bruit et la fureur ont stoppé net !

Un puissant silence s’est installé et une voix sépulcrale venue de nulle part s’est élevée : «  Qui a lancé un pavé dans la mare !!! »

Christine

 

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pixabay

 

 

Le pavé des Champs

Je n’en reviens pas ! Je croyais pourtant, moi, pavé de la rive droite être à l’abri de ce qui est arrivé à un de mes cousins de la rive gauche, au quartier latin, il y a 50 ans.

Mais non, après le déferlement des gilets jaunes, je gis  au dessus d’un petit tas de compatriotes, eux-mêmes descellés sans ménagement et jetés avec brutalité et rage par des mains profanatrices.

Depuis plusieurs années, j’étais tranquille sous mon habituel flot incessant de voitures et une fois par an, le 14 juillet, je vibrais sous le défilé de l’armée française. J’avais une existence heureuse, jusqu’à aujourd’hui.

Et pourtant, J’en avais vus, dans ma vie, des tas de pieds de toutes couleurs et de toutes races. En 1940, avec tristesse, j’avais senti les bottes allemandes claquer en cadence sur mon dos. Quel déshonneur ! En 1919 et en 1945, j’avais frémi de joie sous les pas allègres des défilés de liesse de la paix retrouvée.

J’avais été délicatement foulé par les talons hauts et les chaussures vernies des dandys. Le bon temps ! A cette époque, on se battait en duel à l’épée, face à face, les yeux dans les yeux. Maintenant, pour protester, chacun hurle dans un micro, monte sa barricade, et se protège comme il peut des bombes lacrymogènes.  Et qui trinque ? Nous, par terre, enfin moi, en l’occurrence, éjecté de mon logement.

Ah, qui eut cru qu’ils oseraient venir jusqu’ici, dans ce riche quartier ! il n’y a plus de respect, je vous le dis. Que vais-je devenir ?

J’espère qu’on ira me resceller dans le 20ème, au Père Lachaise. Là au moins, je serai au calme.

 

Gill

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