Carte au hasard

 

Disposez deux tas de cartes sur la table, face cachée, un pour les chiffres, l’autre pour les figures. Tirer une carte au hasard dans chaque tas.

 

En 20 minutes, écrire une histoire en utilisant ces deux cartes : la première dans le paragraphe d’introduction du texte, la deuxième pour le terminer. L’action se passe dans une ville, dans un établissement public.

 

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Mamadou est à la Préfecture. Il a sous le bras un épais dossier, plein de papiers d’identité. Depuis un mois, il vient régulièrement dans ces bureaux pour faire renouveler sa carte de séjour. Sans cesse, on lui demande un nouveau justificatif : une fois la quittance de loyer avait plus de trois mois, l’autre fois la photocopie de sa fiche de paie n’était  pas droite, puis sa photo était trop sombre. Comment faire une photo claire quand on s’appelle Mamadou ?

 

Ce matin avant de partir de chez lui, il a tiré une carte dans le paquet qui traîne toujours sur l’étagère du salon : « 4 de carreau », ça peut être un bon signe a pensé Mamadou.

Il regarde les agents de la préfecture sortir de leur bureau et appeler les demandeurs comme lui. Il s’inquiète, il ne voudrait pas être reçu par la « Dame de pique », une mégère sévère et peu aimable qui a un mot désagréable pour chacun. Son tour approche : « Est-ce que ça va marcher aujourd’hui ? » se demande-t-il. Ouf, la dame de pique appelle la personne qui attendait juste avant lui.

 

Un moment après, Mamadou sort de la préfecture, l’air léger, mais sachant que dans un an il devra recommencer ce cirque.

 

Claudie

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« Deux de carreau ! » La carte était tombée avec force sur le tapis vert, annoncée d’une voix tonitruante par un homme au regard vitreux, à la trogne avinée et à la chevelure hirsute, ni coupée ni lavée depuis un certain temps apparemment. Cet homme des bois ou de l’errance était entré dans le bistrot en titubant, s’imposant à une table de trois individus qui semblaient en attendre un quatrième. Il tombait donc à pic, mais comme une pierre dans la mare. Les esprits étaient déjà échauffés dans une atmosphère enfumée et douçâtre de transpiration non contenue. Les odeurs de café et de pastis se mélangeaient à celles du vin et de la bière, sous la lumière grise de l’hiver, filtrée par des vitres douteuses où des générations de mouches avaient laissé leurs traces.

 

Soudain, la porte s’ouvrit sur une femme frigorifiée, emmitouflée dans un gros manteau de laine qu’elle déboutonna immédiatement pour supporter la chaleur ambiante. Cette femme, en atteignant l’éclairage central, se révéla d’une beauté surprenante : une sirène venue égayer la compagnie.

« Atout cœur » annonça l’un des joueurs de cartes.

 

« Je monte : dame de cœur » ! rétorqua son voisin en regardant la belle étrangère à l’allure d’Alice au pays des merveilles.

 

Mouty

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