Puzzle de mots

 

   A partir de six papiers tirés des enveloppes suivantes :

         Lieu    Temps (météo)     Période     Moment de la journée    

                                 Animaux     Personnages 

 

1/  Printemps des poètes

  Ecrire un court poème (avec ou sans rimes) comprenant les six mots tirés des enveloppes. Thème : Le Printemps des poètes. (20mn)

 

2/ Histoire courte

  Ecrire une petite histoire humoristique comprenant les six mots tirés des enveloppes, et se terminant par une morale.  (30mn)

 

3/  Petite nouvelle

Trente minutes pour écrire une petite nouvelle comprenant les six mots tirés au sort.

            Pour chaque consigne, des mots nouveaux sont tirés

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           Ils partirent à trois. Joyeux soixanthuitards imprégnés de Lagrangisme, enfin tout ce qui définit une génération plus ou moins sur l’aire d’envol et c’est bien dommage quelque part, parce que des comme ça, on n’est pas prêts d’en revoir avant longtemps. Ceci dit, rien de ce qui va suivre n’aurait pu se produire si les téléphones mobiles avaient déjà existé.

          Ce mercredi de Novembre, bien qu’un peu frisquet, s’avérait cependant radieux, et après avoir rallié le point de rendez-vous, autrement dit le parking du petit Casino à Béziers, deux femmes, dans la verdeur de leur premier versant de la cinquantaine- Nadine et Anne-Marie, pour ne pas les nommer- grimpèrent allègrement dans la deux deuches increvable de Jean-Pierre, leur chef d’expédition…Et c’est ainsi que commence l’aventure. Enfin !

          Moins de deux heures plus tard, ils parvinrent aux pieds du Caroux. Le trajet s’était admirablement bien passé si l’on excepte une tête à queue effectué à moins d’un mètre d’un précipice, causé par une plaque de verglas. « Mauvais présage » émit sentencieusement quoiqu’in petto Anne-Marie qui ne voulait pas casser l’ambiance dès le départ.

         Sac à dos léger (pourquoi s’encombrer pour une aussi courte ballade ?), gourde accrochée à la ceinture, couteau suisse en poche et cœur vaillant, ils entamèrent la grimpette au son « des gamelles et des bidons » donnant le rythme. Le paysage, comme d’habitude, était d’une féérie à couper le souffle s’il l’avait pu, l’air d’un vivifiant comme jamais et la pente d’un bon dénivelé. Jean-Pierre, lui, ne ratait pas une occasion d’instruire les filles. Etant prof de Sciences Nats, flore et faune n’avaient pour lui aucun secret. Trois mouflons, perchés sur un promontoire rocheux, regardèrent passer leurs homologues humains en hochant la tête d’un air dubitatif. Ce qu’Anne-Marie (alias Cassandre) interpréta sur le champ et toujours in petto comme un deuxième signe du destin       .

          Le pique-nique eut lieu sur la berge herbeuse d’un ruisseau gazouillant, et fut englouti dans une atmosphère d’amitié fraternelle et de franche rigolade, le petit Carthagène apporté par Nadine y étant sans doute pour quelque chose.

          Néanmoins, l’heure tournait. Aussi Anne-Marie proposa-t-elle, à regret certes, de quitter cet endroit paradisiaque et de faire demi-tour, si l’on voulait être de retour à Béziers avant 16 heures, comme il avait été convenu etc., etc.

         Nadine aussitôt se récria, comme quoi un randonneur qui se respecte ne revient jamais par le même chemin et qu’il y avait encore tant de choses à découvrir n’est-ce-pas Jean-Pierre…et Jean-Pierre lâchement lui donna raison. Mais il est vrai que Nadine lui plaisait beaucoup beaucoup et que ce n’était un secret pour personne et surtout pas pour elle, ceci, n’est-ce-pas, expliquant cela.

        En rando, c’est un peu comme sur un navire. Le commandant ordonne, les autres suivent. Anne-Marie suivit donc, en trainant un peu les pieds malgré tout, en proie à cet affreux pressentiment qui ne la quittait pas.

D’autant qu’un peu plus haut, la neige, tombée en abondance la veille, avait effacé tous les repères. Ils errèrent longtemps. Jean-Pierre, avec sa mine de plus en plus égarée, donnait le ton à la situation, sans qu’il lui fût nécessaire de parler.

          20heures, définitivement perdus sur un sommet du Carroux (lequel ? Dieu seul le savait, et encore !!) et enfoncés dans la neige jusqu’aux genoux, ils s’apprêtaient à mourir de froid  faute d’équipement, sous un ciel indifférent, glacial mais merveilleusement étoilé ; attristés à la pensée de l’affliction qu’éprouveraient leurs proches et surtout à celle que les secours, alertés par ces derniers, n’entameraient les recherches que demain matin. Bien trop tard hélas ! Ils en étaient là de leurs réflexions (Anne-Marie de son côté désirant quitter ce monde le cœur en paix tentait d’évacuer l’irrépressible envie d’étrangler Nadine qui la tenaillait depuis des heures), ils en étaient là donc lorsque retentit soudain une musique céleste, à savoir quelque chose qui ressemblait bigrement au braiment d’un âne. Incrédules, ils virent apparaitre un couple de ces délicieux animaux, tous deux visiblement très amoureux l’un de l’autre. Leur escapade terminée, ils rentraient tout bonnement au bercail, en empruntant un petit chemin des écoliers, pour prolonger le plaisir. Ils acceptèrent toutefois la compagnie de trois hurluberlus transis pour leur trajet de retour et poussèrent même la courtoisie d’attendre bien souvent ces montagnards chevronnés qui avançaient péniblement, avec si peu de grâce.

            D’ailleurs les lumières d’un village ne tardèrent pas à briller dans la nuit, suivies peu après d’un miraculeux panneau portant un nom à l’entrée. Sauvés !! Les ânes continuèrent leur route sans se retourner. Seules leurs oreilles bougèrent à l’unisson, sémaphores délivrant un message à jamais indéchiffré.

           Retrouvant enfin le sens de l’orientation, Jean-Pierre réintégra son grade et conduisit d’un pied sûr la troupe jusqu’à la Deux Chevaux qui attendait sagement .Minuit sonnait quand ils prirent le chemin du retour, très enrhumés mais heureux.

     Quant à Anne-Marie, elle sait désormais à quoi s’en tenir sur le sexe des anges et passe toutes ses vacances au bord de la mer.

 

            El Pé

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Il y a longtemps, bien longtemps,

A l’’époque où les poules étaient grasses

Et picoraient du bon grain,

Trois femmes d’un certain âge

Installées au bord du lac,

Un crayon à la main,

Un cahier sur les genoux,

S’apprêtaient à écrire un poème

Pour la fête de Printemps du village.

Tous les bourgs alentours,

Apportaient leur concours

En dépêchant leurs meilleurs poètes.

Il était seize heures,

Un arc-en-ciel avait remplacé la pluie

Et nos poétesses en herbe

Cherchaient musiques et rimes

Pour contribuer à ce qui allait devenir,

Au fil des ans,

La célébration de la poésie

Et qu’on appellerait

« Le Printemps des Poètes ».

 

Gill

                            

 

Vacances de Printemps, arrivée de printemps, oui !!! Oui !!! Je veux bien 
C'est vrai l'air est plus léger, les bourgeons sur les branches sont là 
La nature semble revivre  avec la lumière du ciel plus serein, 
Mais ce soir la 
tramontane souffle si fort, c'est plutôt un soir d'hiver ; voila 
Une 
mère lutte contre les éléments en furie, essayant de protéger son bébé  
Le tenant dans ses bras, maintenant sa capuche autour de sa tête serrée 
Elle essaye de voir l'heure, dégageant sa manche de son poignet. 
Il doit être 
21h  à peine, ou est cet aéroport  plus loin signalé ? 
La poussière voltige autour d'elle, clignant des yeux, elle aperçoit  
Un couple d'
ânes trépignant , sur un sol de toute herbe nettoyé , 
Tirant sur la corde, qui a un pieu les maintient attachés , 
Par leur maitre, semblant avoir été abandonnés 
Ne la troublant pas pour autant, tant elle est préoccupée 
Par ce vent fou l'empêchant d'avancer ,
Craignant à chaque pas, de se voir chuter , 
Une éclaircie dégage le paysage , elle arrive à se situer 
Et voit devant elle les contours géant du monstre se dresser , 
Il va nous engloutir!!!!  Mais non, plutôt nous protéger 
Maudit vent!!! , tu n'es nullement printanier, 
Qui nous a totalement, jusqu'à la moelle des os glacés 
Dans un souffle, un seul mot à peine audible, se fait entendre, sauvés !!!! 

Rina

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Le Printemps des poètes

 

Le Printemps arrive bien tard,

Vivement les beaux jours afin qu’il s’éternise.

Il est près de vingt heures

Et je ressens la brise

Qui accompagne mon pas court.

Mon allure gaillarde

Me conduit au théâtre

Afin d’y écouter des poèmes légers

Ou peut-être bien lourds,

D’Hugo à Neruda,

De Rostand à Brassens,

Du grand Jacques à Léo,

Sur un air en sourdine

De valse, de rumba ou tango.

Les nuages ce soir

Font présager l’orage.

Une sortie de messe

De brebis  égarées

Anime un instant les rues de Béziers.

Les terrasses désertes

N’accueillent plus personne.

Huit hommes au comptoir d’un bar

Ressassent leurs histoires :

Rugby, foot, corrida…

 

Mouty

                           

 

Il était 3 heures du matin, l’air était doux en cette belle nuit d’étéDans une voiture tombant en ruines, abandonnée dans un champ, les chats errants avaient élu domicile. Après avoir visité les poubelles des fermes environnantes, ils faisaient bombance, étalés sur les coussins éventrés de cette maison à quatre roues. Ceci n’était pas du tout du goût des deux chiens du père Gaston qui, montrant leurs crocs menaçants, aboyaient furieusement en direction des chats festoyant, miaulant et ronronnant de plaisir. Et tout ce brouhaha arrivait aux oreilles de la Mère Manette, une vieille femme acariâtre qui, du fond de son lit, grommelait des injures à l’encontre de tous ces « trouble-sommeil ». Il fallait que cela cesse ! Alors germa dans son esprit une idée diabolique, un scénario rocambolesque. Elle allait mettre dans sa poubelle un vieux bol avec de la crème chantilly remplie d’une énorme dose de somnifères ; ainsi les chats, gourmands, la mangeraient, ronfleraient pendant des jours, les chiens n’aboieraient plus et elle pourrait ainsi dormir du sommeil du juste.

 

Aussitôt dit, aussitôt fait !

 

Quand arriva le soir, elle épia les chats qui vinrent, comme à leur habitude, renifler la poubelle. Quand ils virent la chantilly, ils voulurent se jeter dessus mais Pompon, le plus intelligent, les arrêta net et dit : « tiens, on dirait de la neige, et comme chacun sait, il n’y a pas de neige en été ; c’est un signe, on nous tend un piège. Renversons le bol pour faire croire que nous l’avons ingurgité. » Ce qui fut fait à grand renfort de coups de pattes. Ils s’éclipsèrent alors en catimini, en quête d’une autre poubelle. La Mère Manette, qui, de loin, avait assisté à la scène, allant vite inspecter la poubelle vit le bol renversé, le prit, sourire machiavélique aux lèvres et alla se coucher. Elle se glissa voluptueusement entre les draps en grignotant un petit gâteau, et oubliant qu’elle avait touché le bol, se lécha longuement les doigts de plaisir. Alors, presque instantanément, sa tête tomba sur l’oreiller et elle s’endormit d’un sommeil de plomb.

 

Les chats, ricanant de malice, attendirent le milieu de la nuit et firent entendre des miaulements stridents, ce qui déclencha la colère des chiens, fit sauter dans son lit la Mère Manette qui, abrutie par les somnifères, ne savait plus où elle était et avait l’impression que son crâne abritait un ring de boxe où s’affrontait une colonie de chats et de chiens furieux. Elle réalisa alors que les chats l’avaient eue !

La morale de cette histoire est bien connue : « tel est pris qui croyait prendre ! »

 

Gill

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Printemps de mars 1942  j'ai quatre ans et demi, je me revois courir la peur au ventre, maman m'a donné une mission, aller au petit marché d'alimentation, ramener le pain; vers 11 h du matin  il sortira tout chaud du four, mais pour atteindre ce fichu magasin, je dois traverser un petit bosquet très épais, et je me fais tout un film dans ma tête, tant la peur est forte, une  brise  légère souffle sur mon visage, mais je ne la sens pas,obsédée  par les sinistres manteaux noirs, fantômes casqués qui peuplent mes nuits d'affreux cauchemars; vont-ils être derrière les arbres essayant de se fondre, adossés contre les troncs sombres, je ne veux pas y penser, mais je ne peux chasser l'image de devant mes yeux ; 
soudain, mon cœur affolé  s'arrête de battre dans ma poitrine, dans un grand déplacement d'ai, une 
ribambelle  d'oiseaux s'envolent devant mes yeux , me stoppant net dans ma course; petite sotte, me dis-je, ce ne sont que des  mouettes, mais je ne peux m'empêcher de scruter les longs squelettes noueux aux cimes dénudées, tendant le cou, je crois apercevoir des ombres suspectes qui auraient fait fuir les oiseaux, encore sous le coup de l'émotion , ma vue brouillée de larmes, je m'arme de courage et je fonce pour dépasser le petit bois; ouf !!!!! ça y est, osant tourner la tête, je me rends compte qu'il n'y a rien qui puisse me faire une telle peur, seule la devanture colorée du magasin apparait devant moi; me traitant d'idiote d'avoir eu une telle frousse, laissant ma respiration reprendre un rythme normal, je rejoins le magasin plus sereine, mais je me dis que : la morale de cette histoire est que je dois, à l'avenir , apprendre à surmonter ma peur car  ça peut comme aujourd'hui me jouer de sacrés mauvais tours.


Rina

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Réchauffé ou pas, tu l’avales

 

La semaine dernière j’entrepris une petite virée à Paris afin de voir l’exposition Chagall dont on parlait tant.

Mon amie qui m’hébergeait m’attendait sur le quai de la gare avant de m’entrainer vers une brasserie.

Les retrouvailles furent volubiles et les sujets de conversation inépuisables. Elle avait vu l’expo Chagall qui était du réchauffé, mais, bon, chacun ses goûts. Elle proposa de me rejoindre à la sortie du musée. Cependant, si par hasard je changeais d’idée - une rétrospective mirobolante de l’œuvre de Monnet avait lieu actuellement au Musée d’Orsay - elle se ferait un plaisir de m’accompagner.

Tout compte fait, je choisis cette option. Une visité à deux est toujours plus sympa. Mais il faudra se lever de bonne heure !

Une queue interminable était déjà en place à l’entrée dès sept heures du matin. Quand nous accédons au guichet, nous sommes déjà sur les rotules.

Après avoir avancé péniblement, à la cadence des visiteurs, nous terminons la visite les chevilles dans les hanches. Foule et lassitude nous firent avaler l’œuvre de cet impressionniste de grand talent  comme du réchauffé.

La bouffée d’air reçue en franchissant le seuil nous requinqua un peu. Une balade revigorante nous conduisit au Parc du Luxembourg, après avoir essuyé une petite giboulée de mars.

Le Luxembourg sous un ciel grisâtre avait perdu son charme.

Deux pies, en train de deviser, sur le bord d’un bassin…. Vous savez bien que ce sont des bavardes !

« Une expo, c’est comme le café : réchauffé ou pas, tu l’avales ! »

dirent-elles en s’envolant.

 

Mouty

                                             

 

Six heures du matin, le réveil sonne. Pourquoi, au fait ? Ah oui, pour nourrir les serpents et le petit crocodile. Parce qu’en 2050, on ne fait plus sonner le réveil pour aller à l’école. On ne va plus à l’école, enfin, pas physiquement. On se met devant son écran et on suit le cours en visioconférence. Abdi est tout à fait satisfait de cela. Abdi a douze ans, il vit dans un petit pays très riche qui produit beaucoup de pétrole et dans la maison, il a un étage pour lui tout seul. Des enfants, il y en a plusieurs dans sa famille et comme lui, chacun a un étage pour lui seul. Il peut avoir autant d’animaux qu’il veut et lui, il aime les reptiles et les reptiles mangent tôt ; il aime aussi les oiseaux, les rapaces qui sont ici des animaux domestiques et il a une grande volière avec des pigeons. Il ne fait pas encore jour car le soleil d’automne n’est pas levé. A cette époque, la chaleur est très supportable. De toute façon, même quand il fait 40° à l’ombre, Abdi ne se promène jamais à pieds. Dans le petit pays riche d’Abdi, tout le monde est toujours en voiture. La voiture est climatisée, la maison est climatisée, les magasins sont climatisés, on ne souffre ni de la chaleur, ni de la fraîcheur. Et quand on est le fils d’un grand dignitaire, on ne souffre de rien, on fait ce qu’on veut.

 

Donc Abdi se demande ce qu’il va faire aujourd’hui. Quand on n’est obligé à rien, c’est fatigant de réfléchir pour se faire un petit programme. Il va jouer avec ses ordinateurs, avec ses serpents, regarder les conférences de ses professeurs du lycée français et puis ce soir il ira au cinéma avec ses parents et ses frères et sœurs. Une journée ordinaire, en somme, comme tous les petits garçons du monde.

 

Le réveil sonne toujours. Mais je l’ai éteint se dit Abdi. Mais non, il sonne et sonne encore et Abdi finit par se réveiller…….en 2012. Il n’y a pas de visioconférence, il y a les cours au lycée français de 7h. 30 à 15h et il va finir par être en retard. Il va falloir que le chauffeur roule vite pour qu’il arrive à l’heure. Mais il est vrai que le chauffeur roule toujours vite. Toutes les grosses voitures roulent toujours très vite dans le petit pays riche d’Abdi. Pas facile d’être piéton !

 

Je suis bien content d’avoir rêvé, pense Abdi, car j’aime bien Monsieur Durand, le professeur de Sciences Physiques. Cela me manquerait de ne plus assister à ses cours où j’apprends beaucoup de choses passionnantes et où j’ai de très bons résultats. C’est dommage qu’il ait été mécontent quand j’ai amené avec moi, en cours, le plus petit de mes serpents. Que voulez-vous, personne n’est parfait ! Ou alors Monsieur Durand n’aime pas les animaux.

 

Je crois que plus tard, je serai directeur de l'Université de mon petit pays riche.

 

Gill

 

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Nous nous retrouvons toutes les cinq , cinq femmes attablées insomniaques, autour de la table, dans la grande cuisine, à papoter , se raconter des histoires, rires clairs fusant de nos gorges, à 1heure du matin ; c'est incroyable  mais  nous nous réunissons une fois par an  dans la maison de nos parents , c'est l'été et nos vacances  se passent ici, à la  montagne ; pour nous il n'y a rien de plus normal  que d'être là, tard , dans la nuit fraîche , à boire une tisane tiédasse que nous avalons machinalement ; ce que nous buvons n'est pas important non , ce qui compte c'est d'être ensemble , réunies comme quand nous étions petites filles , prises de fous rires pour un rien , rires communicatifs dont les échos se répercutaient , forts et loin, faisant râler nos parents qui voulaient dormir , car ils se levaient tôt le matin , nullement gênés par l'épais brouillard  s'élevant au-dessus des montagnes tout doucement, chassé par le soleil laissant découvrir le fouillis des hautes haies où  les petites mésangescachées dans leur nids douillets font entendre un joyeux pépiement ; je me prends à rêver, piquant du nez, bercée par le ronronnement des voix qui arrivent à mes oreilles, avec plus ou moins d'intensité , un cri poussé en chœur me réveille en sursaut ; mais tu dors !!!!!!! Oui, non, enfin, j'ai fais un beau rêve, nous chantions toutes ensemble ; encore plein d'étés pour nous raconter, nous retrouver, aux prochainesvacances !!!!!!!


Rina

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Le TTGV

 

Nous sommes en l’an trois mille. Le TTGV - Train à Très Grande Vitesse - négocie avec hardiesse une courbe sur son monorail qui enjambe allègrement routes et fleuves et s’agrippe aux flancs des montagnes. Béziers-Paris  en  moins d’une heure, c’est le pied. De centre ville en centre ville par-dessus le marché. Il y a longtemps que ce mode de transport a détrôné tous les autres.. Plus de passages à niveau, plus d’arrêt dans les petites gares, ni les moyennes d’ailleurs. Béziers a quadruplé la surface de la sienne pour accueillir les voyageurs de Nice à Perpignan, desservis par des navettes express.

Deux femmes et un homme devisent dans leur compartiment blindé. Crâne rasé, cuirasse vestimentaire collée à leur peau, ils sont bien de leur temps. Il y a de cela des quantités de lustres, leurs très lointains ancêtres  pouvaient admirer des vaches dans les prés. Maintenant elles ne sont plus présentes qu’à travers  des paquets lyophilisés sur lesquels figurent leurs photos.

Vers quinze heures, se lève une tempête hors du commun.. En fait, il s’agit d’un cyclone d’une rare violence qui a déjà transformé le paysage urbain et rural en désert apocalyptique et affligeant. Des OVNI - Objets Volants Non Identifiés - provenant des ruines, traversent les airs, emportés par la bourrasque.

Le TTGV, protégé par son revêtement de composite indestructible, continue, imperturbable, à glisser sur son monorail qui le guide à huit cents kilomètres /heure. Dans moins de cinq minutes il sera sorti de ce maudit ouragan.

 

Mouty