Un jour particulier

 

Choisir une date

puis écrire un texte en prose ou un poème

inspiré par cette date

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Image par efes de Pixabay

 

 

Ma mémoire doit remonter six mois avant cette date-là, six mois avant " LA date". C'était à la rentrée des vacances de Noël 1967. La veille du premier jour de classe de l'année 1968, ma mère tomba malade, prise d'une crise aigüe de vomissements tout au long de la nuit. Or je n'avais jamais connu ma mère avec des soucis de santé. Elle était toujours très active, très solide, à la maison comme dans son travail d'enseignante. Elle ne se plaignait pas, s'occupait de tout et de tout le monde et vaquait pleinement à l'ensemble de ses tâches. Mais cet épisode-là, aussi banal pouvait-il paraître, était cependant assez inattendu, surprenant, voire inquiétant. J'étais jeune et n'entendis peut-être même pas tous ces mouvements et tous ces bruits nocturnes pourtant inhabituels. Par contre, les jours qui suivirent furent les témoins d'un long enchaînement de rendez-vous et d'examens médicaux ainsi que de nombreuses visites du médecin à toutes les heures...

 

     Puis ce fut l'arrivée de mon oncle à la maison, depuis Paris. Pourquoi donc un tel déplacement jusqu'à Montpellier ? J'entendis alors beaucoup de pas dans la maison, des pas de plus en plus fréquents. Des pas familiers et des pas familiaux qui arpentaient les couloirs nuit et jour. Mais également des " pas manger ", des " pas boire ", des " pas se lever " aussi et des " pas comme les autres "... Un certain jour enfin, à cette heure de l'année où les lumières embellissent, les pas s’éloignèrent. Arriva le règne plus pesant et plus sombre des " plus ". Des " plus rire ", des " plus dire", des " plus savoir "... Car la chambre était devenue son seul royaume, elle qui brillait toujours par sa présence partout, auprès de nous comme auprès de ceux dont elle avait la charge ou de tous ceux qu'elle rencontrait. Suivirent aussi les " plus voir " et puis... les " plus vivre " ...

 

   Et arriva enfin le jour où mon père, avec une infinie douceur, m'invita à embrasser ma mère. Oui, c'était bien le dernier baiser et c'est la dernière image qui me reste d'elle. Le cancer l'emportait sur sa force de vivre à une époque où on le nommait encore " la maladie du siècle ". C'est lui qui m'a enlevé ma mère ! 

 

    Cette date est restée depuis lors gravée profondément en moi. Elle ne m'a jamais plus quitté et a bien sûr influencé mon existence tout entière : c'était le 4 juillet 1968 ...

 

                           Syrinx 

 

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Image par Boris Gonzalez de Pixabay

 

 

25 août 2014

Neuf mois que tu grandis en moi.

Neuf mois que tu pousses, que tu gigotes, que tu te retournes, que tu me donnes des coups de pied, que tu appuies sur mes viscères.

Neuf mois à t’attendre, à te parler, à te toucher à travers la peau tendue de mon ventre.

Neuf longs mois à patienter, à m’impatienter, à t’impatienter, à nous impatienter.

Neuf mois parfois teintés d’angoisse, parfois emplis d’espoir, parfois sources de questionnements, souvent vecteurs d’incertitudes.

Neuf mois à me demander quel petit être tu seras, quelle mère je serai, quel père sera Renaud, quels grands-parents seront mes parents.

Neuf mois à essayer de me rassurer sur ma capacité à être mère, à me demander ce qu’est être mère, à laisser de côté l’amer pour ne garder que le sucré.

Neuf mois qui m’ont semblé bien longs, quand je ne trouvais plus le sommeil, quand je devais rester alitée, quand mon corps se faisait de plus en plus lourd, quand les médecins ne se montraient pas rassurants, quand tu semblais si pressé de voir le jour.

Neuf mois, qui, je dois bien l’avouer, ne m’ont pas paru épanouissants, contrairement à certaines images idylliques qui sont parfois véhiculées.

Mais aujourd’hui, en ce 25 août 2014, enfin, jour de ta naissance, à 13 h 48 précises : je te regarde et je sais. Je sais que tous mes doutes, toutes mes angoisses et toutes mes craintes sont emportés par ce tsunami émotionnel. Je sais que je connaîtrai d’autres angoisses, nourries de doutes et de craintes, bien au-delà de celles connues au cours de ces neuf derniers mois. Mais qu’importe ! Aujourd’hui, c’est le 25 août 2014, jour de ta naissance et de la mienne, en tant que mère.

 

Fabienne

 

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