S'inspirer d'une chanson

 

En 20 minutes, sur le modèle de la chanson de Charles Aznavour

« Tu te laisses aller »

adressez des reproches à qui vous voulez.

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Toi la sœur que je n’ai jamais eue, tu ne peux pas savoir comme je t’en veux !

       Personne, tu te rends compte, personne à qui se comparer. En mieux ! Tu aurais eu un an (oh, à peine) disons dix de moins que moi…mais tu aurais été beaucoup moins bien réussie, pour sûr !

       Ainsi, au lieu de ressembler, comme moi, à un garçon manqué-pieds nus dans de vieilles tennis et salopette en toutes saisons- tu aurais été gna-gna, chichiteuse, toujours à te regarder dans la glace et toujours enrhumée, pas très intéressante, en un mot.

      Au lieu de la couleur de mes cheveux et de mes taches de rousseur évoquant irrésistiblement l’écureuil, tu aurais été-seule de toute la famille- noire comme un pruneau, rappel permanent de la faute d’une aïeule ibérique et mariée avec un sarrasin de passage, faute impossible à oublier grâce à toi, ma chérie.

     Au lieu d’être abonnée, comme ton ainée méritante, aux prix d’excellence, tu n’aurais pas vraiment flambé, en classe…et ainsi Papa m’aurait aimée encore plus. Bien fait.

      Et je ne te raconte pas, lorsque nous serions devenues ados, avec les garçons, ma pauvre fille…

     Oui, toi, la frangine, dis, pourquoi t’es pas là ? Pourquoi tu n’as jamais été là  quand j’ai eu besoin de toi ? Par exemple pour nous dire des secrets, le soir, dans le noir, avant de s’endormir…  et surtout pour rire et pour pleurer, sans faire semblant…

     Je ne sais pas. Peut-être. On le dit. Qui sait ?

Oui, il paraitrait que nous aurions tous une seconde chance, dans une autre vie.

Alors, je t’en prie, ne rate pas le coche cette fois ou sinon…sinon, je crois que je vais vraiment t’en vouloir.

                                                                       

El Pé

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Voilà, aujourd’hui, je vous le dis et même vous le redis, j’en ai assez, trois fois marre de vous voir, de vous entendre, en un mot de vous supporter. Depuis que vous habitez sur mon palier, c’est invivable. D’abord vous êtes laid, mais laid, j’en ai des cauchemars quand je vous croise le soir. Vous fumez un infâme tabac de contrebande dont l’odeur âcre stagne sur le palier et pénètre chez moi, malgré le calfeutrage de ma porte. Parlerai-je de cette horrible musique militaire qui accompagne le bruit de vos godillots martelant l’escalier et votre parquet. Je ne peux plus écouter les harmonieuses mélodies de mon Mendelssohn chéri. Et votre affreuse saucisse à pattes, ce basset aussi puant que bruyant qui effraie mon minou en poussant des aboiements incessants. Pourtant, quand vous avez emménagé, vous m’avez saluée poliment, soulevant votre béret avec aménité. Galant, vous portiez mon panier, apaisant votre toutou d’une caresse. J’aimais votre sourire charmeur, vos façons grand monde, votre discrétion, votre distinction. Je nous voyais prendre le thé à 17 heures, et pourquoi pas, vivre tous les deux chez moi et louer votre appartement, ce qui nous aurait procuré un plus dans nos finances. Pourquoi avez-vous changé ainsi ? Votre présent est la caricature de votre passé. Redevenez ce que vous étiez avant que j’aille voir le syndic pour me plaindre. Je vous en prie, faites un effort, mais alors, un gros effort.

 

Line

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Simone de Beauvoir2

wikimédia

 

Aux femmes

 

Dominées, parfois battues

Epuisées par une vie quotidienne laminante

Exploitées par la société

Asservies à la mode

Coupables de vieillir

 

Redevenez ce que vous êtes :

Des femmes, libres du regard de l’autre, sauvages, puissantes et créatrices

 

Valérie

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Ah, tu as vu la dégaine que tu as, complètement affalé dans le fauteuil ! Et la mine froissée ! tous les matins ! Tu files un mauvais coton, les yeux bouffis, la barbe hirsute, les cheveux en bataille, pas lavé, pas rasé.

 

J’ai honte de toi, et quand on sort je ne sais plus où me mettre. Tout le monde te regarde d’un air dégoûté et me regarde avec la plus grande commisération. Si je pouvais, je te suivrais à dix pas en arrière, mais tu me tiens bien, ne me laissant pas d’autre choix que d’être pratiquement collée à toi, ce qui ne laisse aucun doute sur notre relation.

 

Tu ne t’occupes même plus de moi, on dirait que tu ne me vois pas. Mes repas ! du bas de gamme servi dans la même assiette plusieurs jours de suite. Tout juste si tu me donnes à boire ! Ce n’est plus possible. Sais-tu que tu es presque ignoble avec moi. Tu me rabroues, m’invectives, hurles pour des riens. Par moment, je me dis que tu serais capable de me battre. La plupart du temps, je suis reléguée dehors, quelquefois plusieurs heures dans le froid.

 

Pourtant, quand tu m’as amenée chez toi, tu étais beau, sportif, rempli de bonne humeur. Tu passais des heures à te promener et à courir en forêt avec moi. Ta main était douce, je dormais sur un coussin moelleux, jamais bien loin de toi. Et puis, devenu chômeur, tu t’es laissé aller progressivement, tu es devenu amorphe, aveugle et sourd à tout ce qui t’entoure.

 

 Allez ! Réagis, prends soin de toi, cherche du travail et en attendant, pour meubler ton temps, partons tous les deux, toi sur tes deux pieds et moi sur mes quatre pattes et marchons, courons ensemble pour retrouver notre belle complicité.

 

Gill

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