Un bouquet d'éléments...un texte

 

 

Chacun note sur un papier

Un personnage / un objet  /  une couleur

Un pays / un animal / une saison

On en tire un au sort

Avec les six éléments tirés, chacun imagine un texte

Qui commencera par

« il faisait beau pour la saison »

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Wikimédia   Par Harry Pot — Nationaal Archief, CC BY-SA 3.0 nl

 

 

Una piccola storia romana

          Il faisait beau pour la saison, l’hiver avait pris des allures de printemps, ce qui arrive, il faut bien le dire, assez souvent en Italie. Aussi, une jolie fille de vingt ans nommée Manuela, se croyant seule à l’évidence, s’était mise à folâtrer dans le parc. Au son d’une musique qui jouait dans sa tête, elle dansait,  tandis que son opulente et tourbillonnante chevelure rousse tirant sur le rouge se découpait à merveille sur le bleu profond du ciel romain.

     Survint alors en sens inverse un monsieur d’un certain âge, fort bien conservé et ressemblant étrangement à Vittorio de Sica…Il faillit tomber en pamoison à la vue de tant de Beauté ainsi matérialisée.

Ne sachant comment aborder cette splendide créature, il s’approcha d’elle et usant d’un subterfuge souvent utilisé (ayant fait ses preuves par conséquent), il s’écria : « Excusez-moi, Bella Ragazza, mais pourriez-vous aider un pauvre homme désespéré à retrouver son chat ? Ce polisson s’est enfui tout-à-l’heure et depuis, je le cherche en vain … » Il ne put en dire davantage. En effet, la jeune fille, qui avait bien sûr reconnu le célèbre cinéaste, n’hésita qu’une seconde. Juste le temps de jeter un coup d’œil à la bague offerte la veille par Sylvio son jeune fiancé, elle répliqua en souriant : « Désolée, Caro Maestro, mais votre réputation de gros matou m’interdit de me déguiser en souris ! » et avec un éclat de rire, elle lui tourna le dos.

     L’histoire ne dit pas si aujourd’hui, elle le regrette.

 

 El Pé

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Marion

 

Il faisait beau pour la saison : l’hiver était déjà loin et le printemps pointait le bout de son nez. Le soleil chaud faisait ronronner le chat sous la caresse de ses rayons. Les prés embaumaient, les oiseaux chantaient et les arbres tendaient vers le ciel leurs bourgeons dorés. La jeune femme souriante était heureuse d’être revenue en Italie et soupirait en contemplant sa bague rouge. Elle était assise au milieu des coquelicots et elle pensait que le rubis à son doigt s’accordait bien à ses fleurs qui avaient toujours eu sa préférence. Oui, bien que ce pays lui soit étranger, il représentait pour elle l’amour qu’elle y avait trouvé. Sans doute, son cœur de midinette n’était plus à la mode mais que lui importait : elle voulait vivre de toutes ses forces et de toute son âme.

 

Evelyne

 

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Il faisait beau pour la saison. C’était une belle matinée de printemps ensoleillée, comme seul pouvait en offrir ce petit coin du sud de l’Italie. Isabelle était une jeune femme un peu perdue. Elle avait pris la fuite hier quand son ami lui avait offert une bague. Mais pas n’importe quelle bague : une alliance… Elle n’avait pas su quoi répondre et avait tenté de faire bonne figure pour ne pas le blesser. Mais elle s’était sentie prise au piège. Elle n’était pas prête pour le mariage – le serait-elle un jour d’ailleurs ? Olivier était un garçon délicat et attentionné et elle aimait passer du temps avec lui. Mais quand il avait sorti le petit écrin rouge de sa poche, elle avait prié – alors qu’elle n’était pas croyante – pour qu’il ne s’agisse pas de ce à quoi elle pensait. Devant son hésitation, Olivier n’avait pas caché sa déception, ce qui avait encore ajouté à son agacement. Cela lui donnait l’impression de ne pas avoir le choix, ou plutôt qu’il ne lui laissait pas le choix. Alors, quand ils s’étaient couchés, tôt et en silence ce soir-là, elle avait attendu qu’il dorme profondément. Elle s’était levée sans bruit, avait attrapé quelques affaires à la hâte, bien décidée à partir. Où, elle ne le savait pas, mais elle ressentait une urgence vitale à s’éloigner d’Olivier, de la petite vie bien gentille qu’il lui offrait. Elle avait pris Moustache, son chat siamois – hors de question de l’abandonner – et elle était montée en voiture pour fuir.

Elle avait roulé toute la nuit : partie de Menton, elle avait traversé l’Italie et

avait atterri dans ce petit village, choisi au hasard, avec ses maisons colorées, qui sentait bon le sud. Elle se gara sur la place du village, devant la fontaine, et sortit de la voiture. Il faisait vraiment beau pour la saison et c’était une belle journée pour repartir de zéro. Elle s’approcha du petit café, qui était en train d’ouvrir. Elle avait besoin d’un remontant après tous ces kilomètres. Et comme le hasard fait bien les choses, elle put voir l’écriteau sur la devanture, qui indiquait le recrutement d’une serveuse. Une nouvelle vie l’attendait, loin d’Olivier. Elle prit la caisse de Moustache et alla se présenter au patron, un bel italien qui l’accueillit avec un charmant sourire. Décidément, le hasard fait bien les choses, pensa-t-elle.

À plusieurs centaines de kilomètres de là, un cri déchira le silence d’un appartement à Menton : Olivier venait de se réveiller.

Fabienne

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Le chat qui n’aimait pas la pension

 

Il faisait beau pour la saison et c’était une chance, car le temps est quelquefois capricieux au début du printemps.

Chiara, jolie brune aux cheveux courts et frisés, était donc d’excellente humeur et chantonnait en préparant sa valise. Elle devait partir pour quelques jours en Italie, pays qui l’avait vu naître, 30 ans auparavant. Elle vivait en France depuis plusieurs années, mais elle avait la nostalgie de son pays d’origine, de tout ce qu’elle y aimait, l’accent chantant, la volubilité, les gestes accompagnant la parole… C’est pour cela qu’elle était si gaie. Une seule ombre au tableau, son chat, Roméo, gros persan au poil soyeux, qui manifestait sa mauvaise humeur, devinant qu’il ne serait pas du voyage. Elle le conduirait dans cette maudite pension qu’il détestait, privé de son coussin moelleux, de son panier douillet et des genoux accueillants de sa maîtresse. Il en était malade à l’avance. Subitement, en voyant la bague de Chiara, ornée d’un petit rubis rouge,  posée sur le lavabo, il eut une idée de génie. Il savait qu’elle ne s’en séparait jamais, ce bijou appartenant à sa grand-mère bien-aimée, censé apporter le malheur à celle qui ne le porterait pas en sortant de chez elle. Ah ! les croyances italiennes…

Avec souplesse et en silence, il sauta sur le panier à linge, à côté du lavabo, se frotta en ronronnant à sa maîtresse, accaparant son attention, et en profita pour faire tomber discrètement le bijou. Puis, d’une détente, il fut par terre, poussant la bague sous la colonne.

Et ce qu’il avait prévu arriva. Chiara voulut remettre sa bague avant de quitter la salle de bains, ne la trouva pas et s’affola. Elle savait que c’était ridicule, mais impossible de partir sans elle ! Elle chercha, chercha, Roméo la suivant pas à pas, semblant plein de sollicitude. Et le temps passa…il passa tant qu’il fut trop tard pour conduire Roméo à la pension avant de se rendre à la gare.  Le voyage serait pour une autre fois. Elle s’affala sur le canapé, soupirant de déception. Alors d’un pas nonchalant, le chat la rejoignit en ronronnant de plaisir. Il ferait réapparaître la bague… plus tard, mais en attendant…

Il avait gagné !

Gill

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