Paysages
voici la consigne pour ce Printemps des Poètes 2011
Ecrire un poème, sous forme conventionnelle ou libre, sur le paysage: réel ou imaginaire, vécu ou actualité, souvenir ou réalité (30mn)
-------------------------------
L’ECUREUIL DU CARROUX
D’entre les deux rochers perchés, en équilibre,
Encadrés par les troncs très droits des grands hêtres immobiles
La cascade jaillit en un rideau liquide
Et tombe en grondant dans l’eau sombre du gouffre,
Ecumant la surface d’une frange mousseuse qui va s’atténuant dans le courant rapide.
Le soleil tombe en pluie sur ce miroir mouvant qui renvoie son reflet
En pétales éphémères
Sur l’herbe de la rive et les pierres moussues.
Je suis seul et savoure en gourmand que je suis cette douce quiétude,
Et ma torpeur se berce à la voix chaude et grave
De ce ruisseau perdu coulant de nulle part.
Je suis seul…du moins je le croyais, car voici que,
Sans bruit un écureuil s’approche, s’étire
Tant qu’il peut sur la berge humide, avance sa frimousse les oreilles
Dressées, plante son doux regard dans mes yeux étonnés, et boit en
Rapides lampées sans peur ni inquiétude avant de repartir comme il
Était venu : sans un bruit, sautillant, ondulant et agile, et sans se retourner s’évanouit comme un rêve.
Va donc, fugace ami, cours vers ta destinée,
Je retourne à la mienne, et
je garde de toi ce souvenir éphémère et plaisant, Dans ce cadre en berceau, rassurant, douillet,Enchanteur où fredonnent des basses dans le lit d’un ruisseau.
PIERRE
-------------------------------
MURAT-sur-VEBRE
Devant un pré qui penche
Où paissent en silence
Des vaches en liberté
Bien être d’un vieux banc à la banquette usée.
PIERRE
-------------------------------------------------
Les vagues se fracassent à mes pieds,
Je suis là, pour la première fois,
Et pourtant, j’ai toujours été là,
Imperturbable, cette mer qui m’attendait,
Je ressens cette vie qui bat à mes pieds.
Les rochers brillent sous les larmes du ciel,
La mer avance et se retire, sans fin.
Son bruit assourdissant emplit ma tête,
Et les flots happent mes rêves.
Je suis là, et je hume cette odeur
Sauvage.
Au loin, le reste d’un phare lance
Ses bras ballants
Combien d’hommes l’ont atteint
Pour guider les autres.
Maintenant, il ne reste plus rien que la pierre mate et solide,
Qui s’élève tel un fantôme
Dans cette mer d’airain.
Oh Ouessant, La belle, La sauvage,
L’indomptée, tu me livres ta beauté,
Cruelle pour tous tes marins
Tes rochers qui se jettent en cascades
Tes lames acérées,
Qui trompent toute vigilance.
T’avoir vu une fois demande
A y retourner,
Pour enfouir ses pieds dans ta terre
Humide,
Pour noyer son regard dans ton immensité,
Pour écouter le bruit, unique,
De ce cœur qui bat pour l’éternité.
Cogne, Océan, contre mes tempes fragiles,
Cogne de toute ta force
Envoie-moi toutes ces images terribles
Que personne n’a oubliées.
Sombre destin et funeste demeure,
Pour tous ces marins, Ouessant reste
Cette île inaccessible,
Désormais dans mon cœur enfouie,
Pour l’éternité
Christine
---------------------------------------------------------------------
Un dimanche matin d’Août à Lipari, île éolienne
La cloche de la petite église sur le versant en face
Appelle les ouailles au rendez-vous dominical.
Sur le pas de sa porte, dans le jardin, l’ancien hippy
A la barbe blanche gratte sa mandoline
Et nous régale de vieilles romances italiennes
« o sole moi »
En bas, la plage de Canneto s’étend au soleil
Comme une femme alanguie.
La mer scintille et les aliscafi la rayent de leur sillage.
Plus loin, c’est Vulcano qui fume en volutes blanches.
Et à l’horizon, ce trait bleu c’est la Sicile.
A nos pieds, le jardin tout sec attend la pluie depuis des mois
Et le grand citronnier nous tend ses gros fruits si juteux.
Les figuiers de barbarie le cernent et le gardent des chapardeurs.
Le parfum subtil des fleurs délicates des câpriers embaume l’air.
Nous sommes sur la terrasse à l’ombre de la bougainvillée
Qui mêle ses bractées violacées
Aux feuilles de la treille où mûrit le raisin.
Il fait chaud mais une légère brise caresse nos corps reposés.
Tout à l’heure nous mangerons les « totani »
Ces poulpes délicieux au goût spécial qu’on ne pêche qu’ici.
Nous les avons pris ce matin sur la barque de Stefano
Et Mafalda les prépare, l’odeur nous ouvre l’appétit.
En attendant nous savourons un limoncello.
Souvenir inoubliable d’un séjour au paradis.
MIMI
+----------------------------------------------------------
Rêve de gosse
C’était l’enfance. Elle courrait
La rivière jaune maléfique
Tourbillonnante et cholérique.
Interdite pour ses bords glauques et glissants
Et ses verts roseaux, paradis des serpents.
Interdite, mystérieuse…adorée
Comme une Dalila, une Salomé, une Alice
On s’y plongeait avec délice
Loin des regards des grands.
C’était l’été, c’était l’enfance, c’était là-bas.
Elle avait nom Mekerra
Ce dragon aux flancs de lauriers roses
De vignobles généreux,
De senteurs de jasmin
Elle avait nom Mekerra
Et j’en rêve encore
Quand des écharpes de sirocco
S’accrochent aux nuits de France.
C’était l’enfance
On croyait aux dragons, on croyait à la paix.
Mais un jour qui sait …
El Pé
----------------------------------------------
Paysage
Pays sage
Douceur paisible
Vert est ton cœur
Oranges tes fruits
Rouge ta passion….
Douceur paisible
Tu offres ton visage lumineux coloré…
Et les bruns et les verts et les ocres se mélangent
Et les embruns relèvent tes étranges
Contours et le bleu de la mer immense
qui rognent tes falaises…
Paysage. Pays sage tu endors mes pensées et
éveille mon cœur…
Tu enchantes les regards prêts à s’illuminer
Tu brasses les couleurs pour mieux vous embrasser
Pour mieux nous embraser, faire feu de tout bois
Brûler nos idées noires sur le bûcher des vanités
Pour purifier notre âme et qu’elle puisse en miroir
Trouver en toi sa sagesse…
Largesse de tes dons, infini paysage
Tu délectes mes sens, dessus, dessous, dedans,
Bouleverses les codes
Et toujours innocent, paysage, pays sage
Tu offres sans demander
Inconditionnellement
Et tu te laisses aimer
Aux yeux émerveillés
Tu offres ta grandeur
et ta simplicité
Et tu te laisses aimer, si peu savent le faire
Vert est ton cœur, oranges tes fruits, rouge ta passion…
Vert est ton cœur, oranges tes fruits, rouge ta passion…
Rouge ta passion…
Annie L.
------------------------------------------
PAYSAGE
La fraîcheur de l’hiver
S’est changée en eau tiède.
Les perles de cristal
Descendent doucement
Le long des herbes folles
Qui jalonnent mes rêves.
Mon transat me balance
Devant le mur de pierres
Qui renvoie la chaleur
Des rayons printaniers.
Sous mes yeux des coteaux
Chargés de ceps de vigne
Aux boutons d’émeraude.
A droite un olivier
Massif, puissant,
Au feuillage léger
Bien qu’il soit centenaire.
A gauche un vieux sentier
Grimpant vers le domaine
Cerné de fiers cyprès
De campagne romaine.
Et en arrière-plan
Des lignées de collines
Façonnant l’horizon
De leurs croupes bleutées
Mouty
---------------------------------
Paysage de forêts
Hauts sommets
Etendues désolées du désert
Chaleur étouffante, fraîcheur matinale
Pauvre terre si sèche
Croûte de sel, richesse des nomades
Caravanes de Chameaux chargés d’ or gris
Singes aux regards interrogateurs
Lions aux regards inquisiteurs
Crocodiles aux yeux mi-clos
Elégantes antilopes
Capitale moderne, marchés odorants
Habiles voleurs
Petits bourgs de provinces
Pauvres campagnes où l’homme et l’animal
Partagent le même toit
Où l’ injera et le khat se côtoient
Pour apaiser les estomacs
Riches citadins, grosses cylindrées
Miséreux paysans semblant sortis du moyen-âge
Eglises au creux de la terre
Mosquées, tapis de prière
Fête de Timkat
Ramadan
Ethiopie des traditions
Ethiopie en quête de richesse
Ethiopie orthodoxe
Ethiopie musulmane
Tu es à toi seule
De multiples paysages.
Noirs sont tes visages, vertes tes forêts
Ocre ton désert, gris ton sel
Rouge, bleu, or, tes costumes
Tu enchantes mon regard
De tes couleurs chatoyantes et lumineuses,
Ethiopie, un peu de moi reste avec toi.
Gill
-----------------------------------------