Le gros lot

 

Écrivez un texte qui aura pour titre

« LE GROS LOT »

 

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Le Gros Lot

         Je n’ai pas peur de le dire (d’ailleurs, entre nous, à cette minute précise je n’ai plus peur de rien) ,  c’est une véritable abomination que ce soit les parents qui choisissent les prénoms de leurs enfants.  Ou tout au moins, leur choix  devrait passer devant une commission ou un truc de ce genre. Oui, car si cela s’était passé comme ça, rien aujourd’hui ne serait arrivé ! Au lieu de quoi…

   En effet, mes parents, bobos pur sucre, n’hésitèrent pas à me gratifier officiellement du prénom  de « Lautréamont », bien que cela n’en soit pas un, je vous l’accorde, mais mon père avait des copains à la mairie. Lautréamont. Imaginez un môme de cinq ans appelé Lautréamont. Comme c’est beaucoup trop long, je  fus très vite rebaptisé Laut par mes camarades : L A U T, puis par désir de simplification Lot, L O T, sans la moindre référence biblique, évidemment.

   Et comme j’ai toujours eu beaucoup de chance, j’étais déjà à cet âge plutôt du genre enrobé. Autant dire le spécimen-type du souffre-douleur dans les cours de récréations. Je devins donc avant même d’entrer au CP «  Gros Lot ». Surnom qui me suivit irrévocablement jusqu’à aujourd’hui puisque tout le monde, épouse et collègues de bureau surtout, ne m’appelle plus qu’ainsi. Y compris les stagiaires qui, en toute innocence, me donnent du « Monsieur Groleau ».

     Mon épouse, disais-je, de qui j’avais attendu un peu de soutien, et pourquoi pas d’affection. Tu parles ! Nous n’étions pas mariés depuis trois mois que déjà me poussaient sur le front de délicieuses cornes de bouquetin ; d’autant plus visibles qu’elle ne faisait rien pour les cacher, bien au contraire, prenant un malin plaisir à me ridiculiser en public. Tant et si bien que, par référence aux clochettes bien connues, je devins le « Grelot » du bureau et bien au-delà.

       Mais la fête est finie. Ou plutôt non, elle va justement commencer.

Comme chaque année, tous les employés, avec leurs épouses bien sûr, se  sont réunis dans la grande salle de réunion pour le pot de Noël. Ils sont tous là, mes chers collègues et ma tendre moitié, une coupe de Champagne à la main et « grelottant » de trouille. Pourquoi ? Parce que je viens apparaître devant eux. Avec non pas une coupe mais une Kalache à la main. Et que d’une seconde à l’autre, je vais ouvrir le feu…

  El Pé

 

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                                     Le gros lot

 

Elle n’avait jamais quitté sa Franche-Comté natale et son petit village  de Clairegoutte. Elle avait 80 ans, elle était petite, encore bien droite dans sa robe grise au col blanc soigneusement amidonné et elle était en bonne santé.

Là-bas on vit souvent centenaire, le climat est chaud et sec en été, froid et sec en hiver, l’eau est pure, les légumes bios et les poulets nourris au grain.

Tous les jours elle enfilait ses sabots de bois et sortait s’occuper de son potager.

Puis à la maison elle préparait des conserves pour l’hiver, disposait sur des claies dans le grenier les poires, les pommes et les noix qu’elle récoltait.

Elle était seule mais heureuse. Tout le village la connaissait et l’appréciait. De plus elle était serviable et toujours prête à aider. Elle savait coudre et brodait à merveille : une vraie perle, si elle s’était mariée, on aurait pu dire que son mari était tombé sur le gros lot !!!

Le samedi à 14 heures elle prenait le vieil autocar rouge et bleu qui passait devant la mairie et se rendait à Lure, une petite ville située à 25 km de chez elle.

C’était sa grande distraction hebdomadaire : la ville et ses vitrines et ses lumières.

Elle marchait dans la rue principale, à petits pas, bien habillée, bien coiffée, son sac à main au creux de son bras. Elle faisait du lèche-vitrine par tous les temps !

Elle en avait plein les yeux, c’était mieux que la télévision. Elle revoyait pendant toute la semaine les vitrines en pensée : la charcuterie et ses boudins blancs de Noël, le magasin de chaussures et son arbre scintillant, la mercerie et son gros bonhomme de neige cotonneux.

Elle rentrait chez elle plus heureuse que jamais.

Un samedi, la mercière chez qui elle avait souvent un petit achat à faire, lui proposa un billet de loterie. La loterie était organisée par les commerçants de la ville pour célébrer les fêtes de Noël.  Le gros lot était un voyage de 3 jours à Paris tous frais payés !!!

Pourquoi pas ? Elle acheta un billet.

Elle se prit à rêver de voyages, de train, de Paris mais elle était angoissée, elle n’avait jamais quitté son village !

Le jour du tirage arriva, elle remporta le gros lot !!!!

Elle ne pouvait pas y croire !! Paris, les Champs Elysées, prendre le train, dormir à l’hôtel, bref … l’aventure :

L’aventure de sa vie !!!

Christine

 

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Le gros lot

Trois millions d’euros ! Je suis riche ! Trois millions ! Ça fait combien en francs, bof ! On s’en fout! Le directeur de la banque, qui m’avait retiré ma carte bleue la semaine dernière, m’a accueilli à bras ouverts ! Champagne petits fours, photos, applaudissements !

« Monsieur Louis vous avez gagné le gros lot! »

 Je vais en profiter, trois millions ça se dépense en combien de temps ?

 

«  Bonjour, un aller retour Béziers Paris s’il vous plaît, oui, en deuxième classe , avec une réduction senior , ça fait combien ? Ah bon ! Ça a augmenté ! Oui oui, je prends ! »

Ah Paris, ça fait un bail que je n’y étais pas retourné ! J’espère que le petit hôtel à Belleville est toujours là ! 50 euros ? C’était 45 ! Tout augmente !

 

 Paris est toujours aussi beau, aïe, ils ont changé les portillons dans le métro ! Difficile de sauter par dessus maintenant, à  mon âge ! Quoi ? Un euro cinquante ? Et par dix c’est combien ? Bon je vais prendre un carnet merci. Les champs Elysées, la pâtisserie du lido ! Ses gâteaux monstrueux avec des montagnes de chantilly ! Je palpe ma liasse de billets dans mes poches, ca diminue ! Trois millions d’euros ! Ça fait combien de valises ça ?  Euh, finalement je vais prendre un pain au chocolat, avec un café, merci, ou plutôt non, excusez moi. Je traverse la rue. 7 euros 60, une promotion pour un menu avec double cheese burger et coca, ben voila c’est très bien ça ! Ca va me caler jusqu’à demain ! Trois millions d’euros, je suis riche !

 

Louis

 

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Aimable et les écus d’or

 

Il était une fois, il y a bien longtemps, dans une petite bourgade de France, un modeste artisan qui avait pour nom Aimable Harpagon.

 

Aimable n’était pas riche, mais avait suffisamment  de bien pour vivre avec sa femme et ses quatre enfants. Il était économe par nécessité mais gérait scrupuleusement le peu d’argent qu’il avait et sa famille ne manquait de rien. Il était charitable et faisait volontiers l’aumône au mendiant de passage  ou apportait son aide au  voisin momentanément gêné. On pouvait dire qu’il portait bien son prénom.

 

Aimable Harpagon ne jouait pas aux jeux d’argent et pourtant un jour, il y eut une fête dans sa commune, où étaient vendus des petits pavés de bois portant un chiffre. Un numéro était tiré au sort et celui qui l’avait, disait-on, gagnait un nombre fabuleux d’écus d’or. Pressé par sa femme et ses enfants, Aimable en acheta un, et devinez……il gagna ce gros lot !

 

A partir de cet instant, monsieur Harpagon changea radicalement de comportement. Il eut peur en permanence d’être volé. Il eut peur en permanence de perdre tout cet argent et de retrouver sa vie d’avant, quand il avait juste de quoi vivre modestement. Il devient irritable, suspicieux, acariâtre. Il cacha mille fois ce butin dans d’improbables endroits, il dormit avec un fusil près de lui, se levant toutes les cinq minutes pour contempler et faire tinter ses écus. Puis il rationna toute la maisonnée, par peur de manquer, fermant sa porte au nez de quiconque le sollicitait. Il devint réellement invivable, ne travaillant plus, ne mangeant plus, ne dormant plus et courant dans la maison de portes en fenêtres, craignant en permanence pour son or.

 

Arriva le plus terrible. Il perdit la raison, oublia la dernière cachette qu’il avait utilisée, et, privé de son trésor, mourut, désespéré, laissant femme et enfants, sans ressource.

 

Cette histoire se transmit de bouche à oreille dans tout le pays et même au-delà des frontières, pendant bien longtemps, jusqu’à ce que naisse l’expression « avare comme Harpagon » ou même « c’est un véritable Harpagon » ; Et bien sûr, les gens finirent par dire, sentencieux, en hochant la tête cette phrase qui devint une maxime : « L’argent est une langue qui parle mais aussi une main qui tue ! »

Gill

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