Une vie antérieure

 

Écrire un texte qui commence par

« Dans une vie antérieure j’étais… »

Racontez cette vie en parlant à la première personne

 

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Paris - Retromobile 2012 - Ford GT 40 - 1965 - 002

 

 

Dans une vie antérieure j’étais un ingénieur automobile. Mais pas un mécanicien de génie employé chez des manufacturiers de voitures tout venant. Non. J’étais un grand, et je crois même que je m’appelais Carroll Shelby. J’étais texan, j’étais très grand, le visage buriné par le soleil, toujours le chapeau vissé sur ma tignasse poivre et sel, des yeux de jais et je baladais ma haute silhouette sur tous les circuits du monde. Jeune homme j’avais attiré l’attention des dirigeants de Ford, et ces derniers comme on dit  « m’avaient mis le pied à l’étrier » en devinant chez moi celui qui pouvait les amener à détruire l’hégémonie de Ferrari.

Cela m’a pris des années, mais quelle chance de profiter des gros moyens de l’Oncle Sam pour y parvenir. D’ailleurs le cheval rampant de Ferrari allait avoir comme alter ego, le cheval cavalant de Ford.

Je travaillais dur, toujours entouré d’un staff d’individus aussi brillants que moi, ou presque. Quelques jeunes femmes superbes tournaient autour de moi flairant mon nouveau pouvoir financier. Il faut vous dire que la fortune agit comme un aimant chez certains individus. Echecs après échecs, les succès sont arrivés. Certains m’appelaient le sorcier ; je travaillai comme un damné jusqu’au jour où je permis à Ford de remporter les 24 H du Mans.  Consécration suprême, à moi la fortune, l’adulation, la gloire, les petites pépées et surtout trois ans de suite les 24 H du Mans avec trois voitures.

Et l’hégémonie de Ferrari dans tout ça, me direz-vous ?  Vous allez me trouver fat, mais que voulez-vous. On est texan ou on ne l’est pas.

 Simone

 

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Wikimédia     domaine public

 

 

Dans une vie antérieure j'étais guérisseuse, mes mains cueillaient fleurs et plantes sauvages, simples dit on d'elles... Je faisais sécher mes belles dans le grenier de ma petite cabane isolée, proche de l'entrée du village.

 

Je ne parlais guère, mes mots ne savaient porter que des messages de guérison ou alors je préférais me taire, car ceux-ci auraient pu peiner les pauvres gens qui venaient à moi...

Je gardais dans les plis de ma tunique une pierre trouvée un jour d'orage sur le bord de la rivière, elle ressemblait à aucune autre, ses teintes mordorées pouvaient s'assombrir ou au contraire éclater en poussière dorée. Elle m'aidait à me ressourcer...

Je soignais les âmes torturées, j'apaisais le feu du soleil sur leurs têtes brûlées pas le labeur au champ. J'accompagnais le râle, le dernier souffle s'échappant de l'âme. Je soulageais par mes potions le mal de dents, les ventres torturés par la nourriture souillée. Je posais de la crème sur les joues gercées par le froid.

J'apposais mes mains sur une poitrine sifflante, je respirais...pour elle.

J'étais guérisseuse, solitaire, riche de mes sens, sauvage du bruit que l'Homme pouvait faire en parlant à tord et à travers....

J'étais guérisseuse, seule, peureuse, mais forte de l'amour que je portais pour la terre qui m'avait vu naître.

Roselyne

 

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Wikimédia      Published by Guillaume Rouille (1518?-1589), Public domain

 

 

Dans une vie antérieure j’étais la femme de César.

Oh, pas la première ! Cette pauvre Cornelia dont la mort précéda de peu mon mariage avec Julius (excusez-moi si j’utilise son nom latin, l’habitude, vous comprenez…), oui, même pas un temps de deuil, ce qui déjà vous donne un aperçu de la mentalité dudit Julius. Non, moi, j’étais Pompeïa, dont tout le monde a entendu parler. Mais si voyons, cette femme de César qui doit être au dessus de tout soupçon ! Ah !....

    Pour commencer, il faut préciser que César n’était pas un cadeau : plutôt moche, orgueilleux, taciturne et vindicatif. Quelle différence avec mon Clodius !

Clodius, c’était mon ami d’enfance. Nous avons quasiment été élevés ensemble. Mignon, joyeux, farceur et courageux, tel se présentait mon petit Clodius. Et bénie soit Junon,  en grandissant il a conservé toutes ces qualités. En ajoutant d’autres à son actif, bien entendu.

       Puisque l’occasion m’en est offerte,  je veux  crier à l’injustice haut et fort : j’étais totalement innocente du crime d’adultère dont on m’a accusée ! Et d’ailleurs le tribunal (pas spécialement réputé pour son indulgence) m’a totalement innocentée. N’empêche que César m’a bel et bien répudiée sous prétexte que « La femme de César etc etc »Tu parles ! Il était tout simplement jaloux le bonhomme !

     En réalité, il n’y avait pas de quoi fouetter un lion du cirque : Clodius avait voulu me faire une surprise en pénétrant dans mes appartements déguisé en femme. Juste pour m’apporter quelques douceurs confectionnées par sa sœur. Nous n’avons fait que manger des loukoums ensemble. C’est tout. Voilà.

      Et  voilà  d’où provient  l’aversion que j’éprouve envers cet homme. Sans parler de son attitude envers Vercingétorix d’une part, mais également du fait qu’il a enquiquiné des générations de collégiens avec sa Guerre des Gaules.

 Dans une vie antérieure plus récente, j’ai aussi été le Masque de Fer. Mais bien sûr, vous n’êtes pas obligés de me croire.

 

      El Pé

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Minerva-21

 

 

Dans une vie antérieure, j’étais un magnifique félin, un de ces chats majestueux que tout le monde admire.

J’étais né au sein d’un foyer confortable : les humains de compagnie de ma mère avaient pourtant bien dit qu’ils ne garderaient aucun chaton de la portée. Mais quand ils m’avaient vu, avec mes longs poils crème, mes yeux bleus, mon museau et le bout de mes pattes un peu plus sombres, ils n’avaient pas pu résister. Je ne vois pas comment il aurait pu en être autrement : quand on voyait mon corps parfait, mes proportions idéales, mes yeux doux et quand on entendait ma voix mélodieuse, on ne pouvait que craquer.

J’étais né pour séduire. Les humains, bien sûr, mais aussi mes congénères féminines… Je peux dire que j’ai eu un certain succès dans le voisinage, jusqu’à ce que mes humains m’accompagnent chez celle qu’ils appelaient la vétérinaire. Quel calvaire ! Je n’avais pas compris ce qui m’était arrivé, mais j’étais rentré totalement différent, beaucoup plus apaisé. Les femelles du quartier ne m’intéressaient plus et ma vie avait commencé à devenir plus calme. Un de mes moments préférés était indiscutablement celui où je me lovais sur les genoux de Mylène, mon humaine préférée… Quelle félicité de sentir ses doigts plonger dans mon pelage, le malaxer, puis caresser le dessous de mon museau ! Pour compléter mon bien-être, je pétrissais doucement ses cuisses, tout en ronronnant de plaisir.

Mais quand son fils Hector arrivait, cherchant par tous les moyens à se joindre à nous – la jalousie, que voulez-vous – c’en était fini de ma pause extatique… Hector était bruyant, brusque, il parlait fort, il criait, il riait, il bougeait sans cesse comme s’il était atteint d’une obscure maladie qui l’empêchait de goûter au calme. Quel calvaire de le voir s’agiter dans tous les sens, puis jeter son dévolu sur moi pour me caresser sans ménagement! Dans ces cas-là, je changeais de place et me réfugiais dans un endroit secret bien calme que personne n’a jamais découvert : en haut d’un meuble, tout près de la chaudière, dans la buanderie. Impossible de me débusquer… J’y ai passé des heures à profiter du calme et de la chaleur.

L’autre moment que j’affectionnais était celui de la chasse. Ne vous trompezpas : sous mes airs de chat de salon, j’étais un redoutable prédateur ! Aucun oiseau ne me résistait quand j’avais décidé de l’attraper… Quelle jouissance de traquer ma proie, de l’observer, d’avancer, tapi derrière les herbes, pour enfin lui sauter à la gorge. Je devenais le maître du monde. Ah, quelle vie, mes amis ! Choyé et dorloté à l’intérieur, craint et redouté à l’extérieur. Un prince dans son royaume…

Par quel maudit hasard ai-je pu me retrouver dans la peau d’un humain lors de ma réincarnation ? Je l’ignore… Je regrette le temps où je régnais sur les humains. Aujourd’hui, c’est moi qui remplis la gamelle, nettoie la litière, brosse l’épais pelage de mon chat. Je suis devenu le servant de mon chat ! Et je dois dire que je préférais nettement quand les rôles étaient inversés…

Fabienne

 

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Image par Sabina de Pixabay

 

 

Dans une vie antérieure, j’étais un Cocker aux longues oreilles qui recouvrait une bonne partie de mon museau, avec des petits yeux donnant l’impression que j’étais triste comme un chien battu. Certes, j’étais un peu caractériel mais presque toujours de bonne humeur. J’aimais jouer avec mon maître qui avait bien compris qu’il valait mieux ne pas me contrarier.

J’étais impatient le soir de le retrouver et je ne pouvais m’empêcher dès que je sentais sa présence à quelques kilomètres de là, de commencer à tourner en rond, à sauter un peu dans tous les sens, près de la porte. Dès son ouverture, je m ’élançai vers lui en faisant une multitude de bonds, d’allers-retours, afin de recevoir ma dose de caresses qui nous rendaient tous les deux joyeux, d’un bonheur intense, partagé.

C’était un moment magique bourré d’émotions, car je lui avais appris le langage des chiens, ce qui permettait d’avoir une grande complicité entre nous. Je l’ai même entendu dire à son épouse que je lui servais de gomme qui effaçait tous les soucis de sa journée.

Ma gamelle était remplie à heure fixe. Mais, j’attendais, lorsqu’il arrivait en retard pour manger en même temps que lui, car souvent il me faisait partager son repas, ce qui, il faut le dire était bien meilleur que les croquettes de la chef. Et, il souriait lorsque je me léchais les babines à plusieurs reprises et remuait ma queue pour exprimer mes remerciements.

Et chaque soir, après le repas, qu’il vente ou qu’il neige, je donnais le signal du départ de la promenade. Et, cela n’était pas négociable. C’est pour vous dire, qu’un soir ou le ciel était recouvert de gros nuages noirs accompagnés de quelques éclairs, il s’installa directement sur son fauteuil. J’avais beau tourner, glapir, montrer la porte, rien n’y fit. Eh bien ! Je lui ai fait la gueule pendant quelques jours. Et depuis, tout va bien, même si sa femme n’arrête pas de lui dire que j’allais le faire tourner en bourrique.

Comme chaque samedi, nous partions faire une longue promenade à la campagne. Lorsqu’une chienne au poil blanc, l’air aussi triste que le mien est venue se frotter, me sentir, me manifester des signes qui me sont allés droit au cœur. Et au moment du retour, impossible de la faire partir, elle s’éloignait mais revenait aussitôt, pour nous suivre jusqu’à notre maison. Considérant qu’elle s’était perdue, mon patron accepta qu’elle passe la soirée avec moi et que nous la ramenions le lendemain.

Nous n’avons pas fermé l’œil de la nuit, des léchouilles par-ci, des léchouilles par-là, de petits glapissements de plaisir aux grands gémissements de bonheur, nous aurions aimé que cela dure toujours.

J’essayais de lui faire comprendre qu’elle avait perdu sa niche et qu’il ne pouvait pas la laisser errer, seule sans défense dans la campagne hostile. Que je partagerais ma niche, mon repas ma baballe avec elle et qu’il fallait l’adopter.

Je sentais bien que les arguments développés n’étaient pas suffisants pour le convaincre. La discussion pris fin avec l’arrivée de la patronne qui lui dit sans ménagement « Tu as perdu la tête? » Qu’il fallait la ramener chez elle sans tarder.

Et depuis, je pense à elle tous les soirs. C’est moi, qui est perdu la tête.

Christian

 

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Dans une vie antérieure, j’étais j’ai tant de mal à l’avouer– un personnage monstrueux, qu’on appellerait maintenant, un tueur en série. C’était il y a plusieurs siècles et je n’ai pas laissé de traces dans l’histoire.

Pourtant, rien ne me destinait à avoir une telle vie. J’étais né dans une famille provinciale aisée, j’avais eu une enfance heureuse entre des parents aimants et des frères et sœurs affectueux. J’étais curieux et assidu aux enseignements, ce qui me permit de partir faire des études de chirurgie à Paris où Ambroise Paré en révolutionnait la pratique.

J’appris à manier le scalpel, le bistouri, ce qui me procura un plaisir intense, mais au fil du temps, me laissa insatisfait, ne provoquant aucun effet visible sur le corps que j’avais devant moi. Puis un jour, un fait rarissime se produisit, un patient se réveilla pendant une intervention et sa réaction d’effroi et de douleur amena dans tout mon être une satisfaction étonnante. Ce fut une révélation. C’est là, à ce moment précis, que je suis devenu un psychopathe.

Pendant des années, je sévis sans être le moins du monde soupçonné, sauvant des vies le jour, les volant la nuit.

Tout ceci ne dura qu’un temps, bien entendu car je finis par commettre des erreurs et je fus arrêté, jugé, reconnu coupable, condamné et exécuté.

En un sens, je fus soulagé, car en moi se livrait une bataille terrible. Je ne pouvais réfréner ma folie meurtrière mais je ne pouvais plus la supporter. Dans ma geôle, j’eus tout le temps de me repentir, de me repentir sincèrement et quand ma vie s’arrêta, je crois que mon âme avait perdu un peu de sa noirceur.

Après, j’ai eu plusieurs autres vies, et pendant chacune, je n’ai cessé d’essayer de racheter celle-ci.

 

Je vous les raconterai une autre fois peut-être…

Gill

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RO AB Bucium 4

 

 

Dans une vie antérieure, j'étais la fille d'un aubergiste roumain dans une petite auberge des Carpates.

A l'époque, on ne parlait pas de Roumanie, mais de Dacie. 

Or survint Trajan et ses légions romaines. Les fiers Daces furent battus et Rome imposa et ses lois et sa langue.

Un poète romain suivait Trajan et son armée. Il s'arrêta dans notre auberge. Il était blond, beau, splendide même. Je n'étais pas vilaine avec mes nattes noires et mes yeux de velours. Nous nous aimâmes passionnément. 

Hélas, il était très marié alors il s'en alla. Je l'ai tant regretté que je suis revenue. Peut-être le retrouverai-je un jour dans cette vie-ci. Qui sait ? Sinon, je reviendrai encore et encore. C’est très long, l'Éternité...

 

Suzanna

 

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