Et si le destin.....
Et si?
Et si le destin avait décidé soudain de faire prendre à votre vie une
direction très différente de celle qu'elle a prise ce jour là?
De votre vie ou bien sûr, si vous préférez, de celle d'un personnage historique ou de fiction.
Racontez cet instant T où tout aurait pu basculer
et l'évolution qui en aurait découlé
tout en incluant dans votre texte
deux titres de chansons incluant le mot "temps"
______________________________
L’INSTANT T
Bien installée dans mon transat dans le jardin, j’écoute la radio tout en lisant un roman policier. Michel Fugain chante « qu’il n’aura pas le temps et qu’il court plus vite que le vent et plus vite que le temps ». Agacée de ne pas trouver le meurtrier de mon livre, je réalise que j’aimerais moi aussi aller plus vite que le temps mais en avant ou bien en arrière ?Je cherche ce qui me semble indispensable actuellement. Je ne pourrai pas me passer de l’électricité et de la découverte de Thomas Edison bien sûr ! Il ne faut rien changer nous avons besoin de cette découverte. Et je m’imagine en 1887avec mes amies me promenant en belle robe abritée par une ombrelle élégante. Un homme pressé nous dépasse, les bras chargés de rouleaux de papier et d’une grosse sacoche en cuir à la main. Il marche si vite qu’il trébuche et tombe devant nous, éparpillant ses documents sur le pavé. Nous l’aidons à se relever et à récupérer ses papiers et sa sacoche. Il se présente, Thomas EDISON citoyen Américain, il est chercheur-inventeur et il est souvent distrait car son cerveau est toujours en ébullition à cause de ses travaux et ses calculs. Il a déjà fait plein de découvertes intéressantes et reconnues, mais à ce jour il souhaite tout arrêter. Faire reposer sa tête et voyager avec sa femme en Europe. Finis les calculs savants et les journées enfermées dans son laboratoire. Sa notoriété est reconnue, ses biens assurés. Il souhaite vivre dans sa grande propriété à la campagne et s’occuper d’élevage de chevaux ! Je suis abasourdie, s’il arrête ses travaux, qui va découvrir la lampe à incandescence, le courant électrique ? Nos villes et nos villages seront encore éclairés aux becs à gaz ? Nos trains seront toujours alimentés au charbon ? Ma maison aura des lampes à pétrole sans électroménager ? pas de machines-outils dans les usines,… NON ! L’instant T est là : il faut faire changer M. Edison d’avis. Il ne doit pas abandonner ses recherches, sa future découverte est trop importante pour l’humanité. Afin de le motiver, je lui dis «vous devez reprendre vos travaux, persévérer dans vos calculs et découvrir : l’ampoule à incandescence, tel doit être votre objectif pour passer à la postérité. L’élevage et l’agriculture ne sont points pour un homme de votre valeur». Il me regarda éberlué, me salua, se leva et partit précipitamment. Revenant dans mon transat, j’entends un oiseau chanter dans le cerisier, aussitôt je fredonne « le temps des cerises » le gai rossignol, le merle moqueur seront tous en fête…
M-Christine
_____________________________
Par Nordisk familjebok domaine public Wikimedia
VIRAGE MANQUÉ !
Il faisait de brillantes études de loi. Son père était avocat, son grand-père l’était encore, son arrière-grand-père l’avait été. Bref il faisait en somme partie d’une dynastie. Pas d’autre voie possible, c’était une évidence pour tous.
Toutes les réunions de famille, absolument toutes, se terminaient par le temps des souvenirs. Son grand-père avait toujours mille anecdotes à raconter. Son enfance, puis son adolescence avaient été bercées par ces histoires, par l’ambiance électrique des plaidoiries, par les articles de loi, par les prouesses et les victoires de son illustre famille.
Le reste du temps il étudiait, il était sérieux, trop sérieux même. Il avait peu d’amis, il sortait peu. Il n’avait pas le temps de vivre. La loi, toujours la loi, faire une bonne plaidoirie, décrocher son diplôme, c’était tout ce qui comptait.
Et puis, un jour en sortant de ses cours, il suivit, pour une fois, un groupe de camarades qui allaient prendre un café. Il ne sut jamais ce qui l’avait poussé à les suivre. Ce n’était vraiment pas dans ses habitudes. Le petit groupe s’engouffra dans un café situé dans une rue étroite qu’il ne connaissait pas. L’enseigne qui avait l’air très ancienne était magnifique, on pouvait y lire : Au café du temps perdu. À l’intérieur, il faisait bon, les lumières étaient tamisées, l’ambiance feutrée et chaleureuse. Il n’avait jamais vu un endroit aussi agréable. Il n’y avait que des jeunes de son âge, garçons et filles, attablés devant des grenadines, des chocolats chauds et des cafés. Tous devisaient calmement de choses et d’autres. Il s’installa à côté d’une jolie jeune fille à l’œil pétillant. Un de ses camarades prit place en face de lui. Les discussions repartirent de plus belle avec les nouveaux arrivants. Il n’avait jamais ressenti un tel plaisir auparavant ! Il écoutait les conversations et personne ne parlait de lois, de plaidoiries, de défense, de coupables ou de victimes. On parlait de vacances, de voyages, d’amour, de lectures, de sorties, de la joie de vivre, du temps qui passe.
La jolie jeune fille à l’œil pétillant était drôle, vive, enjouée. Elle avait mille choses à raconter mille aventures cocasses.
A ce moment-là il eut envie de tout envoyer promener : ses études, ses parents trop sérieux, sa vie sans joie, sans éclat de rire. Il n’avait rien d’original à raconter, il n’avait pas voyagé, il n’avait ni frère, ni sœur, ni cousin, ni cousine. Il avait seulement « ses chères études »et un gros cabinet d’avocats qui l’attendaient ! Son esprit s’égara, il s’imaginait déjà au volant d’une belle décapotable avec la jolie jeune fille à l’œil pétillant à ses côtés, filant à vive allure vers une destination inconnue mais sûrement exotique. Il n’était pas avocat mais un célèbre acteur, il avait tourné de nombreux films à succès.
Tout à coup l’alarme de son portable le ramena à la réalité. Il consulta l’écran où s’inscrivait le message suivant : « Où es-tu ? ton père t’attend depuis 15 minutes au cabinet, tu devais l’aider à classer des documents ! »
Il sursauta, il avait complètement oublié ce rendez-vous. Il s’arracha avec tristesse à ce début de rêve, fit un trait sur cette idée qui tentait de jaillir « peut-être qu’une autre vie plus simple, faite de joies, de petits riens, de jolies filles à l’œil pétillant existait vraiment. » Il secoua la tête comme pour chasser ce désir inavouable.
Il se leva maladroitement, salua ses camarades d’un air penaud et s’en fut rejoindre son père au cabinet.
Chris
___________________________
Image par Alfons Schüler de Pixabay
Le jardin embaumait des centaines de fleurs qui y poussaient en toute liberté et des oiseaux multicolores chantaient leur joie de vivre face à un soleil bienveillant. Bondissant joyeusement parmi les herbes hautes, un guépard poursuivait une gazelle, la rattrapait, la renversait, puis lui chatouillait le ventre de sa patte de velours .Un gigantesque grizzly bougeait au rythme de la musique que le vent tirait des roseaux. Apercevant le couple d’humains qui le frôla en pénétrant dans le verger, il les salua gaîment de sa patte disponible tandis que l’autre portait à sa gueule une grosse lampée de miel puisée dans le tronc d’un vieux pommier.
« Humm !, s’écria Êve, ça me rappelle que j’ai drôlement faim à cette heure ! »
Adam, empressé comme d’habitude, lui demanda :
« Veux-tu que j’aille te chercher un peu de miel, ma biquette ?
-Non, non, merci poulet, je préfèrerais un fruit, si ça ne t’ennuie pas.
- La magnifique pomme rouge accrochée à cette branche, par exemple ?
-Oh oui, oui, oui, elle me plait beaucoup !
-Oh, tu sais bien que Jéhovah nous a interdit de toucher aux fruits de cet arbre, ma puce !
-Mais qu’est-ce- qu’on risque ? D’abord, Il ne nous surveille pas pour le moment, et même, avec le temps, Il aura tôt fait d’oublier. Allez, vas-y !!
-Bon, si ça peut te faire plaisir, Evita bonita… »
Il approchait sa main du fruit défendu quand soudain :
«- Non, arrête Adam ! C’est le temps des cerises et regarde, ce cerisier en est couvert. Dieu qu’elles sont belles ! Bien rouges, bien dodues ! Des bigarreaux, j’adore ! »
Délaissant la pomme, Adam courut cueillir une poignée de cerises que tous deux dégustèrent avec délice. Puis ils continuèrent leur promenade dans le Jardin d’Eden et à ma connaissance, purs et immortels, ils la poursuivent toujours…
El Pé
_____________________________
Par Jules Girardet Domaine public wikimedia
Et si ?
Le temps des cerises n’est plus. Je suis Lucienne, condamnée à la déportation après l’effondrement de la Commune. Je regarde Louise Michel qui m’a promis de m’apprendre à lire. Alors je lirai les livres de Madame la Comtesse chez qui je lavais le linge. Dans le noir, je rêve. Si j’avais été la Comtesse et elle Lucienne, quelle aurait été ma vie ? De belles toilettes, des soirées à l’Opéra, des réceptions brillantes dans mon salon. Les messieurs me baiseraient la main, les dames me jalouseraient. Monsieur le Comte me tromperait avec une gourgandine, mon fils dilapiderait notre patrimoine au jeu, ma fille épouserait un benêt titré désargenté.
Ma voisine pleure, elle ne verra pas ses enfants grandir. Elle me ramène à la réalité. Moi, j’ai eu Martin, ouvrier couvreur. Nous allions au bois de Chaville au temps du muguet. Fusillé, il repose dans la fosse commune, au cimetière du Père Lachaise, bien loin du monumental tombeau de Madame la Comtesse.
Demain, je pars pour ces terres lointaines d’où l’on ne revient pas.
Comtesse ne puis, libre Lucienne suis.
Line
_________________________________