Noël ailleurs
En 20 minutes, écrire une histoire dont le thème sera
"Noël hors de chez soi"
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Noël en mer
Roger se préparait à prendre son premier quart. Minuit serait bientôt là. Il enfila son caban, noua son cache-nez(non réglementaire), s’assura de la bonne tenue de son béret et s’engagea dans la coursive qui menait à la passerelle du commandant… pleine de courants d’air en toutes saisons.
Il devait bien se couvrir en effet car une nuit de 24 Décembre, lorsqu’on se trouve au beau milieu de l’Atlantique Nord, il ne fait pas bien chaud.
Et ce 24 Décembre 1943, encore moins que d’habitude.
« -Pic poil minuit, bravo mon vieux », s’exclama le quartier-maitre Buzau en désignant d’un geste élégant le siège métallique qu’il venait de quitter, « Elle est toute chaude, à toi de jouer. Tu verras sur le carnet : RAS. Bon, moi je vais aller me pager j’suis frigorifié. Joyeux Noël, vieux !
-Joyeux No… » Répondit Roger, mais l’autre avait déjà disparu.
Roger s’installa, si l’on peut dire, sur le siège inconfortable, saisit une paire de jumelles et entreprit de scruter la mer. Rien en vue hormis un bâtiment de guerre allié en retour de mission dans les eaux territoriales ennemies et escortant un instant les trois dragueurs de mines opérant dans le secteur. Tant mieux.
Pour l’heure, le sien filait allègrement ses vingt nœuds et dans son sillage s’esbaudissaient quelques marsouins, un peu par jeu et surtout dans l’attente que le cuistot, leur chouchou, ait enfin l’obligeance de vider ses poubelles par-dessus bord.
« -Ouais, parlons en, tiens de ce repas de Noël, se dit le pauvre garçon. Parfaitement dégueulasse, et leur Xmas pudding, encore pire que tout !! Mais à quoi s’attendre d’autre sur un rafiot anglais ? »
Comment s’était-il retrouvé là ? Oh tout simplement, en s’engageant dans la Marine Nationale, à dix huit ans, juste après le sabordage de la flotte à Toulon. Ce qui lui avait valu, avec d’autres, d’être aussitôt embarqué sur un navire de Sa Gracieuse Majesté, qu’il n’avait plus quitté. Le navire.
D’où il était, il percevait vaguement les chants de Noël qui s’échappaient du carré en bas. « Il faut quand même leur reconnaitre ça aux Britishs, ils savant chanter. »
La nuit était belle, glaciale et calme. Une vraie nuit de Noël. Plongé dans ses réflexions hautement philosophiques, Roger n’entendit pas l’officier de radar donner l’alarme. De toute façon il était trop tard. Deux torpilles tirées par un sous marin allemand venaient de toucher le navire… et aussitôt ce fut l’enfer : le dragueur de mines ne fut plus qu’un immense brasier qui sombrait rapidement dans l’océan.
Roger fit partie des rares survivants, c'est-à-dire des membres d’équipage qui, au moment de l’attaque, n’occupaient pas l’intérieur du navire. Agrippés à quelques morceaux de bois flottant sur les lieux du naufrage, ils ne tardèrent pas à être recueillis par le navire de guerre américain qui, fort heureusement, croisait non loin de là. Et qui, pour la petite histoire, parvint à couler le sous-marin à l’évidence trop sûr de lui.
Quant à moi, je naquis très exactement quatre ans et une semaine plus tard et c’est pourquoi je peux évoquer aujourd’hui, avec pas mal d’émotion, le souvenir d’un marin français que, sa vie durant j’ai appelé Papa.
El Pé
Cadeau surprise
J’ai souvent passé Noël en pays musulman et la plupart du temps, rien n’est venu me rappeler la traditionnelle fête de mon enfance.
Pourtant, l’année dernière, je me trouvais dans un petit pays riche et prospère et une surprenante mise en scène m’a fait comprendre que partout où il y a des gens de bonne volonté, on peut avoir l’impression de retrouver un peu de ses traditions. Et oui, un sapin dans le hall de mon immeuble, un sapin dans la galerie marchande du plus gros centre commercial, des guirlandes scintillantes et une nuée de cadeaux en tout genre, savamment mis en valeur dans des vitrines plus attirantes les unes que les autres. Oui, un Noël très commercial, certes, mais donnant un air de fête à la ville pour célébrer un jour exceptionnel. Puis des attentions plus chaleureuses, des souhaits de gens n’ayant pourtant pas les mêmes croyances que moi, un repas de Noël sur mon lieu de travail. Que demander de plus ! Ah oui, le plus -le Noël religieux, l’église, la messe de minuit, la crèche – où le trouver ? Et bien, on le trouve dans son esprit, dans les tiroirs de sa mémoire, là où sont ancrés tous les souvenirs. On fait le vide autour de soi, on l’ouvre et surgissent alors messe, sapin, bougies, regards éblouis, table de fête, bonheur d’enfant.
Partout où l’on se trouve, ce tiroir-là, on l’emporte avec soi, prèt à être ouvert.
Mais cette année-là, surprise ! Pas besoin d’ouvrir le tiroir. Ceux que j’ai laissés en France ont décidé un voyage pour les fêtes. Ils arrivent, ils sont là, à l’aéroport. Je vais les chercher.
Oui, c’est vraiment Noël et mon cadeau est arrivé.
Gill
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Noël hors de chez soi
Cette année-là, Noël s’annonçait dans la neige. Les Eclaireuses de ma ville avaient mis sur pied un camp à la montagne proche. Un logement sommaire avait été retenu auprès d’un fermier de Ste-Marie de Campan. Il se trouvait dans une vieille maison rurale entre les cols d’Aspin et du Tourmalet, en bas desquels coulait l’Adour qui nous pourvoyait en eau pour étancher notre soif et pour notre toilette.
La baraque - on ne pouvait l’appeler autrement - comportait une pièce à vivre dans laquelle se trouvait une grande cheminée, un lit, un buffet, une table et quelques chaises paillées. Cette pièce jouxtait l’écurie abritant les vaches et surmontée d’un grenier au parquet de vieilles planches disjointes, recouvertes de paille étalée depuis les gerbes entassées dans le fond : c’était notre dortoir auquel on accédait par une échelle extérieure.
Nous avions toutes apporté de quoi bricoler des petits cadeaux : planchettes, clous, raphia, bouts de tissus, laine, aiguilles, ciseaux, etc. Nous passâmes l’après-midi à réaliser des créations rocambolesques. Enveloppés dans du papier journal savamment plié pour démontrer l’amicale attention que nous portions à celles qui les recevraient, ces cadeaux de Noël furent mélangés dans une grande panière en attendant leur distribution.
Puis, ce fut la marche nocturne jusqu’au village, portant nos flambeaux au-dessus de nos têtes afin d’éclairer le chemin.
Messe de minuit, psaumes, froid, et retour.
A notre arrivée, nous nous engouffrâmes dans la cuisine dont le parfum de soupe à l’oignon tenue au chaud dans la cheminée nous prit aux tripes, nous préparant à une soirée festive. Les crêpes sautèrent gaiement de la vieille poêle en tôle vers les poutres noircies, annonçant les cadeaux à piocher au hasard dans la panière. Nous les découvrîmes alors avec force cris de joie et d’extase. Remerciements chaleureux, embrassades.
Des histoires. Des chants. Des crêpes. Et encore des chants. Et encore des crêpes.
Puis, sous l’éclairage de nos lampes de poche, montée au « dortoir » où, enroulées dans nos couvertures, nous nous endormîmes au petit jour, dans un froid glacial, complètement harassées. Nous goûtions cependant un immense bonheur malgré la rusticité des lieux.
Mouty