Les sens: j'entends

 

L’ouïe

 Des bruits vous bercent ou vous hérissent. En 25 minutes exprimez votre plaisir  ou votre irritation.

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Je voudrais fuir le bruit

 

 Enfant, j’étais hérissée de façon exacerbée par le crissement strident de la craie - ou des ongles - d’un professeur maladroit sur le tableau de la classe.

 

Aujourd’hui encore je conserve cette sensation d’arrache-tympan lors des rodéos de voitures sur le parking d’Auchan, m’obligeant à fermer les fenêtres les soirs d’été ; lors des piaillements aigus d’enfants capricieux ou fatigués, bloqués dans leur poussette ou sur le siège d’un caddie ; lors des freinages intempestifs des fêlés de la route.

 

Je n’ai jamais trop apprécié les couacs des joueurs débutants de certaines fanfares ou d’orchestres minables. Ni ceux des autres musiciens d’ailleurs. Ni les miens : raison pour laquelle je n’ai pas persévéré dans la musique ni le chant. Je tiens trop au maintien d’une météo sereine.

 

Le bruit lancinant de la scierie voisine m’irrite fortement. Quant au chant du coq dès potron-minet, alors que j’ai seulement deux heures de sommeil pour rétablir mes neurones, il me rend d’humeur détestable.

 

Je voudrais fuir le bruit du marteau-piqueur, de la dameuse, du rémouleur, du ramdam  de voisins avinés, de radios nasillardes rabâchant à longueur de jour des rengaines à ne même pas dormir debout, et j’en passe !

Je voudrais fuir, m’éveiller au milieu du Sahara, de la toundra, ou du bush australien. Mais je n’en n’ai pas le courage.

 

Mouty

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Ces bruits si familiers

 

Le bruit répétitif de la sonnerie du réveil me vrille le crâne ; pourquoi diable l’ai-je activée, puisqu' aujourd’hui je ne travaille pas ! L’habitude, sans doute. Dans la rue, les balayeurs africains s’interpellent gaiement et le son de ces voix au fort accent me donne envie de rire et m’incite à me lever. Elles me transportent dans un marché coloré où chacun tente d’attirer la clientèle avec force boniments.

 

Par les fenêtres ouvertes, le bruit de la cafetière du voisin, qui crachote, ouvre mon appétit et j’imagine alors avec délice une tasse de café odorant entourées de deux tartines appétissantes. Loin de m’agacer, le bruit ininterrompu des voitures qui remontent l’avenue Gambetta, cinq étages plus bas, me rassure. J’aime les bruits des grandes villes ; Je ne les perçois pas comme agressifs, ils font partie de mon environnement.

 

Midi ! Les cris des enfants qui sortent de l’école d’à côté rythment le temps. Les enfants, c’est la gaieté, c’est la vie. Mêlé à ces sons aigus, le bruit métallique des casseroles qu’on pose sans ménagement sur les gazinières me fait penser qu’il est  temps de déjeuner.

 

Arrive alors l’après-midi, période de calme. Là place à ma musique. J’espère qu’elle n’agacera pas les voisins. Aujourd’hui, je n’entendrai pas la pianiste du dessus, elle est en voyage. Cela va me manquer.

Mais heureusement, en pleine ville, pas de bruit de tondeuse ronronnant dans un jardin alors que je suis en train de lire un bon livre ou de bruit de tronçonneuse alors que je me mets à écrire.

 

Et oui, il y a les bruits que l’on aime, qui nous sont familiers et dont l’absence nous manque et ceux qui nous irritent, qu’on trouve insupportables sans savoir vraiment pourquoi. Nos oreilles, qui l’eût cru, feraient-elles de la « discrimination » ?

 

Gill

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